Tina Gillen investit le Bozar

La force de l’abstraction

Depuis cet automne, l’artiste luxembourgeoise Tina Gillen (°1972) investit la Salle du Conseil de BOZAR, d’une installation monumentale in situ intitulée Echo. Dont les 3 parties se répondent : des peintures, un élément sculptural et une grande fresque sur le mur du fond.

L’œuvre s’appuie sur la toile Structure réalisée en 2011 par l’artiste, un aplat gris-vert sur lequel est peint un quadrillage rouge. A Bozar, celui-ci trouve écho dans une installation en lattes de bois, posées au centre de l’espace, où le visiteur se meut librement en fonction du point de vue choisi. Plane, l’œuvre est ici devenue tridimensionnelle, en passant de la toile à la sculpture, de la figuration à l’abstraction. De taille « humaine », elle sollicite le visiteur, l’invite à interagir dans l’espace éphémère ainsi configuré.

Les lignes croisées réfèrent à la grille définie par la théoricienne de l’art Rosalind Krauss en 1979 -qui sépare les arts visuels de la littérature et du narratif, en regard de l’évolution de l’art au 20e siècle-, et au paysage urbain : la grille peut à la fois offrir des points repères et enfermer.

Depuis la fin des années 90, le travail de Tina Gillen intègre également des éléments architecturaux tels que des façades et des bâtiments, qui évoquent un sentiment de distance. Aujourd’hui, elle revisite des éléments de sa pratique, ce qui ouvre de nouvelles voies. Elle s’empare d’images, dans les médias ou sur internet ou part de photos qu’elle a prises, pour en transformer des motifs et fragments et créer de nouvelles images, qui se prêtent à diverses interprétations, toujours entre figuration et abstraction.

Pour thème récurrent, l’humain qui s’approprie le monde, et la tension entre culture et nature, comme dans ses récentes œuvres Paint Rock (2011) –où des pierres deviennent les motifs d’un jeu graphique, et des formes cristallines fragmentent la perception de la réalité- ou Rain or Shine (2013), qui renvoie à l’impuissance humaine face aux phénomènes naturels. Sous son trait de pinceau et par la manipulation d’images existantes, la nature et ses composants se font de plus en plus abstraits. Tout en acquérant, paradoxalement, force et intensité.

Catherine Callico

Tina Gillen, jusqu’au 07/02/2016, au Bozar, www.bozar.be

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