Le cabinet de dessins de Hans Op de Beeck

Dans l’espace feutré du Museum, à travers The Drawing Room, Hans Op de Beeck invite le visiteur dans l’univers semi-imaginaire et nocturne de ses dessins et aquarelles, propice au trouble et à l’émotion.

Pour son exposition au Botanique, Hans Op de Beeck a repensé l’espace du Museum tel un cabinet d’estampes intimiste. Le lieu s’y prête parfaitement: le Botanique est un lieu de vie nocturne et j’avais envie d’y reproduire l’ambiance de nuit du Quai d’Orsay, très particulière. Les murs ont été peints en gris, et le tapis-plain choisi dans la même couleur. Une façon de faire ressortir la lumière des aquarelles, le blanc du papier. Des aquarelles dont la palette se limite au noir, à l’image de l’univers nocturne et intemporel présenté ici: horizons brumeux, décors urbains, intérieurs ouatés… peints dans le calme de la nuit. Je dessine des choses que je ressens la nuit, et sors de l’écriture automatique pour réaliser des associations libres entre des éléments, relève-t-il. Ces paysages se jouent de la limite entre réel et fiction, puisque le réel est ici transformé, évoquant des états d’âme, invitant à l’introspection. Hans Op de Beeck se défend d’être mélancolique, mêmes si ses oeuvres le sont: je suis trop énergique pour ça, sourit-il. Il aborde des thèmes comme l’absurdité de l’existence, nos modes de vie, notre façon d’humaniser les intérieurs, les rapports que nous entretenons avec le temps et l’espace, les façons de produire autour de nous… Il y a beaucoup de tragi-comique dans tout cela.

L’exposition se complète de la vidéo “Night Time”, un nouveau fil d’animation inspiré des aquarelles et rythmé de lieux et de personnages imaginaires, il y a peu présenté à Pékin. Le temps est peu palpable dans la vidéo, mais je voulais le rendre sensible. Celui-ci est scandé de courtes séquences qui passent de l’enfance à la vieillesse: un petit garçon en gros plan, un arbre de Noël dans un intérieur bourgeois, un carroussel, la mer, des palmiers, une boule à facettes, un hall d’aéroport, un dos de femme tatoué, un ciel étoilé et d’autres scènes… jusqu’au vieil homme derrière un paravent d’hôpital.

Artiste multidisciplinaire -sculpture, installation monumentale, vidéo, films d’animations, photographie, écriture, scénographie, composition musicale-, entre sobriété et démesure, Hans Op de Beeck a présenté pour la première fois un ensemble de grandes aquarelles lors de son exposition “ In Silent Conversation with Corregio” à la Galleria Borghese de Rome. Depuis, il s’y adonne entre d’autres vastes projets. A savoir, dans l’immédiat, des portraits en plâtre gris, un nouveau film d’animation montré à Tokyo en janvier, l’écriture d’une pièce qu’il mettra en scène à Francfort cet été. Entre autres.

Catherine Callico

Hans Op de Beeck. The Drawing Room, jusqu’au 04/01/2015, www.botanique.be

 

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