La Tate Modern s’élargit

Au Sud de la Tamise, un nouveau sommet décore depuis juin le ciel londonien. Les architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron signent l’agrandissement du Tate Modern, sans doute l’un des musées les plus prisés de la capitale anglaise. De quoi accroitre les possibilités du musée et soutenir ses projets ambitieux.
La Tate aujourd’hui
Agé d’à peine 16 ans, le bâtiment initial (the Boiler House), qui actuellement abrite la large collection permanente ainsi qu’une exposition sur Georgia O’Keeffe, avait également été construit par Herzog & de Meuron. Dans un quartier de Londres en pleine mutation, la Tate est le fruit de la transformation d’une centrale électrique désaffectée. Ce genre de reconversion d’un chancre industriel n’est pas totalement inconnu au paysage belge. En effet, au cours de ces dernières années, la culture a permis de ressusciter des espaces touchés par le déclin industriel: Grand-Hornu et sa nouvelle existence sous MAC’s, l’ancien charbonnage de Crachet devenu le PASS… Si la culture est donc utilisée pour réinvestir des lieux abandonnés par l’économie, cela n’empêche  nullement l’inauguration de nouveaux espaces comme le démontre ici cette récente construction.
La nouvelle tête de la Tate
Massif, trapu, pyramidal, haut d’une dizaine d’étages, le nouveau bâtiment porte le nom de « Switch House » (« La maison du Commutateur ») et est construit sur deux anciennes citernes à mazout. Fidèle à l’esprit du quartier de Bankside, les architectes Herzog & de Meuron ont opté pour la brique, un matériau « archaïque » mais « noble » comme le souligne Jacques Herzog dans une interview donnée pour le Figaro. Son collègue et lui ne sont pas tombés dans le « piège du verre », comme ils le disent; le verre donnant un soi-disant un aspect de modernité. Par sa forme, sa couleur, cette robuste galerie verticale demeure oxymorique dans une ville prise d’assaut par les tours de verre dont notamment The Shard (l’immense gratte-ciel près du London Bridge).
Chaque étage sa personnalité
Pour pénétrer dans la Switch House, il faudra passer par le sous-sol de l’édifice à l’ambiance industrielle, nommé « The Tank ». Il est divisé en 3 larges espaces destinés aux expériences cinématographiques et aux performances. Il est bon de noter la palpitante installation vidéo de Apichatpong Weerasethakul sur le thème de la Thaïlande.
Une tendance volontairement exprimée par la Tate Modern est d’accorder une place privilégiée aux artistes femmes et, dès le troisième étage, cette perspective est clairement visible avec l’oeuvre de Suzanne Lacy, de l’artiste roumaine Ana Lupas et bien d’autres. Dans un registre différent, un hommage est rendu à Marina Abramovitch avec la reconstruction de la table aux objets de « Rhythym 0 ». Des photos rappellent la performance faite à Naples en 1974 avec pour phrase-clé « There are 72 objetcs on the table that one can use on me as desired ». En montant à l’étage suivant, on y voit des corps fantomatiques accrochés au plafond, une large araignée trônant au centre de la pièce, un « cabinet de curiosité » avec des sculptures aussi étranges que diversifiées. Comme on peut le deviner, c’est l’oeuvre de Louise Bourgeois qui a été choisie pour inaugurer les Artist Rooms du 4ème étage. Mais bien sûr, pour terminer la visite en beauté, il faut se rendre au dernier étage afin de profiter la magnifique vue panoramique sur la City.
What about the future?
Avec de grands espaces supplémentaires et un bâtiment imposant qui marque matériellement la présence de l’art contemporain dans la ville, cette nouvelle aile donne la possibilité au Tate Modern de prendre son envol pour rivaliser avec les grands centres d’art contemporains.
Romain Masquelier

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