L’éternelle jeunesse de Werner Cuvelier

La galerie Nadja Vilenne présente jusqu’au 13 juillet 2024 une exposition de Werner Cuvelier, âgé aujourd’hui de 85 ans l’artiste n’était pas présent lors du vernissage, mais son curateur Dirk d’Herde a pu nous offrir l’honneur d’une visite commentée. Intéressante dans le sens où elle nous a permis d’entrer de plain-pied dans la démarche créative de l’artiste. Une expo en trois temps pourrait-on dire. L’étage de la galerie présente la partie plus conceptuelle avec une très belle suite consacrée aux carnets de croquis de W.Turner, le protocole est simple, chaque carnet est représenté par un rectangle découpé dans du papier à dessin qui respecte le format du carnet original.  Au rez-de-chaussée, la grande salle nous permet d’admirer les grandes compositions abstraites géométriques qui démontrent et démontent le processus d’une quête créative où la «statistique» occupe en toile de fond le fondement premier d’une réflexion artistique. Cette grille interprétative se finalise dans un jeu de recouvrement de couleurs aux tonalités chaudes et vibrantes. Cuvelier serait-il en réalité un peintre déguisé en conceptuel?


La troisième salle qui présente ses productions les plus récentes nous apporte la réponse à cette question, elle nous fait découvrir avec ravissement les dernières compositions géométriques colorées, d’une fraîcheur étonnante. Sous le signe du Nombre d’or, c’est une nouvelle renaissance qui nous est offerte à découvrir. Les quelques sketchbooks mis en vue nous rappellent les connexions étroites avec le travail de Léon Wuidar, autrefois défendu par la galerie Vilenne. Les deux artistes se connaissent et s’apprécient mutuellement me rappelle le curateur. 

Werner Cuvelier: «Je me méfie de cette objectivité qui semble être plus vraie que l’expérience subjective de la réalité». Par cette citation tout est dit: Cuvelier nous incite à nous méfier de la réalité objective. La seule réalité semble-t-il nous dire est la réalité que nous déconstruisons, par l’art notamment. 

La création est un va et vient continu entre le faire et le défaire. Une toile exposée dans cette exposition est considérée comme inachevée par l’artiste. À mes yeux , elle est probablement la toile de référence dans le sens où elle décrit le processus d’un cheminement vers une finitude. À un moment, le promeneur interrompt sa route et se fixe sur une séquence en mouvement. Face à cette séquence figée dans le temps, je ne peux que me reconnecter à cet instant d’éveil tant recherché qui nous fait sortir du cadre pour basculer dans ce hors temps qui nous rattache au coeur du monde. Cette vision métaphorique n’est probablement pas objective et ne respecte pas celle partagée par l’artiste, mais elle me conforte dans l’idée que le non-sens du monde actuel est contrebalancé par le sens caché que renferme toute oeuvre d’art véritable en son sein.
En bref, une expo à ne pas rater dans le contexte du parcours sur l’Art abstrait qui démarre à la Boverie.

Lino Polegato

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