Yan Freichels est un brouilleur de pistes.

Yan Freichels occupe avec ses toiles les murs de l’Ikob jusqu’au 9 juin, nous avons eu l’occasion de le rencontrer début avril pour un entretien exclusif, (en partie visible sur you tube). Originaire des cantons de l’Est, le jeune artiste (prix de la jeune peinture en FWB , 2022) se livre franchement en se décrivant aux frontières d’une réalité multifacettes . Ma première impression lorsque je suis tombé nez à nez avec ses peintures c’était de me retrouver devant des grandes fresques d’allures néoexpressioniste de l’école allemande du début des années septante, avec un sentiment de réalisme soviétique qui a marqué les artistes de l’Allemagne de l’Est avant la chute du mur. Une réalité que Freichels n’a probablement pas connue. 

Ses peintures, généralement de grands formats à l’huile, sont d’inspiration figurative, les personnages qui y campent sont graves et semblent figés. Souvent peints de trois quart semblant enfermés dans un dialogue de l’absurde où l’on retrouve pêle-mêle slogans déclinés en allemand et symboles de pouvoir, principalement de nature germanique. 

Dans son interview Yan Freichels nous confie que la narration de l’histoire qui compose la toile se construit en peignant, c’est dans l’urgence du «faire» que naissent les histoires. Il s’inspire de l’actualité du moment , des livres, des films, des musiques, principalement liées à sa culture. L’artiste à une prédilection pour la culture punk ou il puise volontier des clichés. Le titre de l’expo est tiré d’une chanson «Tomato ketchup» des Bérurier noir, les paroles sont suggestives: « Tous les enfants sont roi et font la loi» Pour un moment seulement nous rappelle l’artiste… Cela situe directement le propos. Toute mon approche concernant l’art de Freichels tombe en vrille et je redécouvre devant ses toiles et son commentaire un autre point de vue que celui que m’imposait une lecture trop littérale du travail. 

Freichels aime brouiller les pistes et joue constamment avec ça.  Il aime nous déconcerter par ses prises de position au niveau des symboles (croix de fer, feuilles de chênes, …) Ne soyons pas dupes, la catastrophe nous pend sous le nez mais continuons joyeusement la lutte de survie en nous réfugiant dans l’absurde, tel semble être le message. Le monde n’est il pas un carnaval permanent où le Prince-roi n’est jamais que de passage. «J’ai un problème avec le pouvoir» nous confie Freichels, son oeuvre peinte nous le prouve à chaque tournant. 

Lino Polegato

A voir de toute urgence à l’Ikob jusqu’au 9 juin.

interview sur youtube fluxlino

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