LILLE 3000 Eldorado, mythe troué d’une civilisation suicidaire

(St-Sauveur): David Gumbs, "Echo-Natures" tunnel interactif (c) Maxime Dufour

La série d’expos dispersées dans la métropole lilloise à l’occasion de manifestations pluridisciplinaires entreprises depuis 2004, lorsque Lille devint une très dynamique capitale culturelle européenne, révèle des moments de notre existence sous le règne d’une permanente dualité entre espérance rêvée et réalité vécue.

Outre les lieux concentrés d’expositions, la ville étale des œuvres dans des espaces publics et des communes avoisinantes. Un « tournoiement » en bambous fendus de Thierry et Valérie Teneul dans la vallée de la Marque. Une « Mémoire d’Arbre » de Yushin Chang dans le parc des Bouissonnets. Une projection géante du «Quetzal » de Julien Salaud, sur la façade du journal ‘La Voix du Nord’. Des « Alebrijes », statues animalières géantes, le long de la rue Faidherbe. Un parcours de street art dans la métropole et en Belgique avec des fresques de graffeurs européens et sud-américains…

Au Tri Postal, confrontation mythe et réalité

Expo phare de cette thématique, « Eldorama » décline à travers des œuvres contemporaines cosmopolites ce fameux mythe de l’Eldorado, pays idéal où la richesse s’associe au bonheur. La réalité est évidemment autre. Il suffit de s’arrêter un moment devant les travaux plastiques et les vidéos consacrés aux chercheurs d’or actuels. Ainsi l’orpailleur mélancolique désabusé peint par Claire Tabouret (1981) encadré d’une atmosphère rougeoyante de crépuscule. Le photographe Alfredo Jaar (1956) alignera, à un autre étage, dans des caissons à luminosité attractive, des prises de vue des conditions de travail inhumaines dans des mines brésiliennes. Cette quête aléatoire d’une fortune dérisoire reste le prototype même de la grande désillusion.

D’ailleurs, même lorsque l’œuvre semble se mettre au diapason du chimérique, l’impression s’insinue d’un décalage avec le réel. Ainsi des photos de jeunes saisis par les objectifs de Ryan McGinley (1977), Ren Hang (1987-2017) et Wang Wei (1991) car l’artifice a l’air d’inspirer d’apparentes conduites libérées. À l’inverse, les marginaux filmés par Laura Henno (1976) montrent clairement leur isolement et le refuge communicationnel que constituent leurs chiens. Et l’univers technologique rassurant, confortable, agencé par Christopher Kulendran Thomas (1979) se montre apparence fallacieuse puisqu’on y regarde des écrans télé de migrations dramatiques.

D’Inde, Jiten Thukral (1976) et Sumir Tagra (1979) mettent en scène une des dérives autochtones du rêve d’un ailleurs. En une scénographie baroque, donc foisonnante et kitsch, à dominante rose guimauve, ce duo dénonce les mariages arrangés dont les jeunes époux utilisent la dot reçue pour filer sur un autre continent, abandonnant leurs femmes en vue d’une vie meilleure autre part. C’est humoristique et grinçant, couplé avec des téléviseurs d’interviews de mariées rejetées par leur entourage.

Le dragon en chambres à air de velos de Chen Zhen et les énergies peintes de Benchama (c) Maxime Dufour
Si le dragon figure en bonne place dans le légendaire chinois, Chen Zhen (1955-2000) l‘adapte au fiasco de notre société polluée par la bagnole. Il suspend au plafond un animal de 26 mètres composé de chambres à air de vélos, en train d’accoucher un cauchemar de dizaines de mini-voitures. Cet envahissement, Peter Stämpfli (1937) lui accordera une vision plus esthétisante dans une autre section de cette expo : il imprime en noir sur le sol blanc les motifs géométriques d’un pneu d’engin de chantier cyclopéen.

Autre voyage en pays de mythes, celui de l’embarcation emportant vers dieu sait quel gouffre infernal des créatures monstrueuses que dirige mentalement Marnie Weber (1959). Peut-être vers le pays onirique qu’explore une vidéo de Korakrit Arunanondchai (1986).

Sur les murs et par terre, Abdelkader Benchamma (1975) déchaîne des traces d’énergie à coups d’encre, passage tourbillonnant de forces invisibles mais puissantes comme le sont les ouragans. Yayoi Kusama (1929) entraîne le visiteur au sein d’un jeu de miroirs au milieu d’une pièce fermée remplie de suspensions avec multitude de points lumineux, autre forme de vertige comme si on se retrouvait transporté dans l’espace sidéral.

Le tourisme fait l’objet de la dérision de Jonathan Monk (1969). À l’espérance d’escales vacancières de rêve, il oppose des panneaux associant nom de lieu et prix du voyage, sans l’appât d’une photo alléchante. Plus loin, Gilles Barbier (1965) détourne le mythe du far-west via une connivence avec la dérision de la b.d. Lucky Luke afin de dénoncer la métamorphose des bonheurs promis en « Pornocity ». Autre rêve mis à la disposition des foules et leurre pour gamins défavorisés, le football. Notre compatriote Francis Alÿs (1959) le traite à travers les images d’un court métrage montrant un individu qui parcourt de nuit le désert d’une ville fantôme en frappant du pied un ballon en feu, emblématique d’un jeu sans règle ni objectif.

La cartographie à l’encre ramène aux pratiques traditionnelles chinoises de l’écriture, apanage de Qiu Zhijie (1969). L’imaginaire prévaut. Il dessine des contrées et des océans dont les appellations sont chargées de connotations politiques ; il leur adjoint des animaux monstrueux en verre soufflé. Y a-t-il, en effet, autre suite à espérer de ce monde au système économique dévoyé ? Un système dont la métaphore monumentale est concrétisée par une barcasse à la dérive, affrétée par Adel Abdessemed (1971). Elle est bondée de sacs poubelles remplis, eux-mêmes métaphores ou de la pollution invasive ou du transport des migrants considérés en tant que déchets humains. Œuvre à quoi on rattachera volontiers le long plan fixe d’un film de Maria Kourkouta (1982) où défilent indéfiniment des exilés entre Grèce et Macédoine.

En guise de synthèse, c’est probablement l’installation de Stefan Brüggemann (1975) qui conviendrait le mieux. Sur des miroirs colossaux, il a tagué des titres de presse écrite et des phrases extraites de films, cohabitation de la réalité et de la fiction, entre lesquelles le visiteur entrevoit le reflet virtuel de sa présence réelle. Une mise en abyme qui sied particulièrement au rêve d’un eldorado. En second lieu, on classerait volontiers une paisible installation hyperréaliste d’une vendeuse en impassible attente de clients au mitan des objets d’une brocante, sereine image d’une vie ordinaire à mille années-lumière de tout fantasme chimérique. Telle est du moins l’impression de sérénité que transmet Duane Hanson (1925-1999). L’antidote, peut-être, aux contorsions insensées auxquelles se livre, selon Anna Uddenberg (1982), une créature féminine soumise aux apparences extravagantes édictées par la mode.

Associant mots et tissus, Babi Badalov (1959) habille les murs avec des vocables ou des phrases liés à des actions de réaction au système global qui nous manipule. Le duo Lucy (1966) & Jorge Orta (1953) assemble des éléments colorés peints couplés à des objets (ici, par exemple des brancards de civière) dont le côté symbolique éveille des associations d’idées, un questionnement à partir du réel. Un second duo, Anne (1941) & Patrick Patricia (1942), a monté un aménagement complet dont le titre est éloquent : « Danger Zone ». Il s’agit d’une ruine futuriste démontrant vers quelle catastrophe nous mènerait notre actuel comportement mondial anti-écologique.

De son côté, Mike Kelley (1954-2012) revisite la bande dessinée étasunienne. D’abord grâce à des maquettes brillamment colorées par une luminescence interne. Ce serait le lieu de naissance de Superman, super-héros indispensable dans notre univers de terriens ayant avorté tous leurs eldorados. Ensuite, à travers des dessins où des pans de villes se trouvent sous globes ainsi que jadis on installait des statuettes de saints, reliés ici à des bonbonnes d’oxygène pour éviter l’asphyxie.

Une série de photos concentre le désenchantement tragique. Elle est due à Teresa Margolles (1963). On y voit, posant sur les décombres de pistes de danse, des prostitué(e)s transgenres au Mexique. Un gigantesque mur de plusieurs milliers de boites à outils bricolées à partir de rebuts recyclés par des petits artisans ghanéens se dresse, frontière imaginée par Ibrahim Mahama (1987) bien plus efficace pour notre imaginaire percevoir la misère que le mur antimigration d’un Trump espérant empêcher les exils. Un contraste brutal d’une part avec les polychromies suaves d’un Jules de Balincourt (1972) au sein desquelles s’inscrivent des réfugiés confondus amalgamés à des touristes, et d’autre part, avec le style réaliste du peintre Liu Xiaodong (1963) montrant les rares habitants d’une cité artificielle chinoise à prospérité aléatoire.

À la misère matérielle et morale, Younès Rahmoun (1975) semble opposer une spiritualité ambigüe, sorte de cocktail intégrant islam, numérologie, soufisme, etc. Équivoque également chez Wang Yuyang (1979) à propos de la conquête spatiale en un brassage d’hypothétique et de réalité. Ironie chez Rodney Graham (1949) filmant en boucle un naufragé sous un arbre blessé à la tête par le fruit qui vient de lui tomber dessus, évanoui puis réveillé pour recommencer ad libitum. Espèce de Sisyphe inversé qui n’a guère de pénitence à accomplir mais se voit néanmoins châtié à l’infini.

Sinon, il reste à rêvasser devant les toiles fantomatiques de Romain Bernini (1979), les paysages chimiques en devenir dans les aquarium d’Hicham Berrada (1986) ou dans le petit salon d’attente de Martine Aballéa (1950), sans parvenir pour autant à oublier la peur du gamin filmé par Laura Henno (1976) en train d’apprendre à naviguer seul sur une embarcation hasardeuse en tant que passeur de ceux qui quittent un désespoir local et s’en iront vers un avenir de rejet, de rebuffades, d’humiliations dans les Eldorado déglingués américain ou européen.

À l’hospice Comtesse, un quotidien social mexicain

David Alfaro Siqueiros, « Les révolutions restituent la culture » (1958) Museo de Arte moderno Mexico (c) MV.FN
Les œuvres mexicaines rassemblées ici sont plus traditionnelles. Normal, elles appartiennent à l’ère de l’art moderne et la figuration est l’objet des artistes. Elles ont l’intérêt de donner une image de la réalité du pays depuis la révolution de 1910 et de véhiculer des thèmes tels que le regret du paradis perdu en complément aux créations liées à l’eldorado, des références aux mythes anciens et à la période de la colonisation, des allusions à des cultes divers, des témoignages à propos des méfaits du néolibéralisme, des interrogations au sujet du métissage ainsi que de la difficulté pour les individus comme pour les régions à affirmer une identité claire.

Annoncée dans la cour, l’expo commence par les embarcations baroques de Betsabée Romero (1963), celles qui jettent leur rouge et leur jaune éclatants sur les pavés. Elle tisse le lien entre le passé des traditions et la modernité de la forme. La luxuriance colorée éclate à travers l’étal chamarré de «La vendeuse de fruits» d’Olga Costa. Le «Paysage avec cactus» de José Clemente Orozco la rend plus atténuée, dans la veine des coloris cubistes un peu comme chez Raul Annguiano où la carnation de la peau s’équilibre avec la grisaille de l’environnement.

Elle sera plus discrète mais davantage sensuelle chez les femmes d’Oaxaca de Alfonso Pena ou «Les noix de coco» de Frida Khalo, provocante dans l’auto-portrait de Rosa Rolanda. Elle s’avère luminosité à travers les portraits réalisés par Diego Rivera. Elle agresse, en alliance avec des traits frénétiques, dans «Désir et pénitence » de German Venegas. Elle semble se diluer à travers le flou de petites touches successives lorsque qu’Alice Rahon réclame, à l’occasion d’un carnaval équivoque, «Pitié pour les Judas». Elle pâlit, presque cadavérique, sur les corps accumulés par Julio Castelanos. Mais c’est la lumière rougeoyante en opposition avec la silhouette obscure du «Sorcier» de Ricardo Martinez qui le rend mystérieux.

La photo affronte presque spontanément le dramatique ou le tragique de l’existence. C’est «L’ouvrier en grève assassiné» de Manuel Alvarez Bravo. C’est la dénonciation du «Vrai visage du néolibéralisme» dans les années 80 : Francisco Mata Rosas y donne le gros plan d’une fillette manifestement paupérisée surmonté du masque du libéral président de la république d’alors. C’est encore le combat de Graciela Iturbide en faveur de l’émancipation féminine.

Bien sûr, la peinture n’est pas en reste pour témoigner des violences guerrières. Orozco revient aux coloris avec son exaltation des femmes soldats, tout en courbes de dos et de chapeaux en contraste avec l’anguleux des armes. José Chavez Morado exacerbe le trait pour accentuer les crânes entassés du monument aux morts préhispaniques. La scène de genre de Daniel Lezama narrant la mort d’un marginal justicier prend des allures de mélodrame.

À la gare St-Sauveur, un temple pour la liberté créative

Les bâtiments industriels de la gare Saint-Sauveur accueillent un ensemble à la mesure de l’espace qu’ils offrent. Les installations y sont de taille. Elles se rencontrent et se complètent pour donner une image particulière de notre monde.

Miguel Penha (1961) a peint un paysage verdoyant intitulé comme l’expo « La déesse verte ». La végétation y grouille. La dominante est évidemment verte. Sans doute est-ce une manière de résumer sous forme de métaphore visuelle ce qui attend le visiteur. À savoir : prodigieuse vitalité de la nature, métamorphoses perpétuelles, force nourricière autant que présence envahissante, fragilité derrière les apparences, diversité infinie des formes. Toutes propriétés qui appartiennent aussi à l’art.

Autrefois, les cités médiévales arboraient les drapeaux des corporations. Aujourd’hui, Maria José Aegenzio (1977) les parodie en déployant une quarantaine d’étendards brodés avec l’assistance de femmes équatoriennes. Chacun est décoré d’un élément symbolique de la vie actuelle (objet, instrument, corps ou fragment d’être vivant). Mariana Castillo Deball (1975) puise aussi dans le patrimoine local et la réalité du moment pour réaliser ses colonnes en céramiques.

Lucile Littot (1985) entremêle passé et présent, cultures exotiques et baroque européen. Ses grandes compositions à l’acrylique, aux pastels à huile et paillettes, accumulent les lignes serpentinesques. Les chairs, dodues, à carnation caressant les regards, s’exposent et chevauchent au-delà de toute pudeur. Les visages (mais ne seraient-ce pas plutôt les masques des burlesques, les faciès torturés des contes orientaux ?) grignent. Voici le grand carnaval de la sensualité.

Une carlingue d’avion crashé. C’est le décor choisi par Caroline Mesquita (1989) qui travaille le métal, invente des personnages et des engins. Au centre de la matière de l’appareil, un écran vidéo sur lequel apparaissent des relations entre l’artiste et ses créatures. L’érotisme est présent au cœur de cette étrange échange entre chair et métal, questionnement au sujet de l’envahissement par les choses, de leur pouvoir sur nous dans un monde que nous avons nous-mêmes suscité.

Des filets de pêche colorés de pigments chaleureux permettent à Carolina Caycedo (1978) de suspendre dans l’espace des sortes de pièges en attente de nos pensées perdues. En suspension également, les assemblages de Chelsea Culprit (1984) partent de l’hétéroclite. Tels des marionnettes, ils attendent qu’un rôle leur soit dévolu au gré de l’imagination de qui les regarde. De quoi inventer un fantastique paradoxal lié aux objets de futilité ou de tâche ménagère.

Autre œuvre en suspens provisoire : la fresque sur toile que Dewar (1976) & Gicquel (1975) devraient transposer en faïence pour le métro d’Amsterdam. La vivacité étincelante des verts y contraste avec le gris minéral inquiétant d’un silure. La «Jungle» plantée par Clémence Seilles (1984) descend du ciel. Elle est faite de tissus colorés, découpés en formes de gouttes d’eau géantes venues d’en-haut. On s’y balade ainsi qu’en un labyrinthe souple duquel il sera toujours possible de s’échapper.

C’est au sol que s’étalent les têtes en plâtre de sculptures classiques qui rappellent une œuvre de Claudio Parmiggiani de 2013. Celle-ci est signée Cynthia Gutiérrez (1978). Toutes deux semblent porter une similaire signification : une production culturelle n’est pas éternelle ; il arrive qu’elle sombre dans l’oubli, qu’elle soit détruite. On y verra peut-être aussi l’idée que l’art se répète, reproduit ce qui a déjà été réalisé ! S’il est une production momentanée, c’est bien les performances. Calixto Ramirez Correa (1980) a rassemblé des photos de quelques-unes des siennes le montrant en train de confronter sa présence corporelle à différents paysages.

Humour grinçant chez Renaud Jerez (1982) qui apparie, entre autres, des éléments technologiques pour construire des personnages hybrides, comiques, incomplets. Cristobal Gracia (1987) ironise à propos de plages touristiques. Son embarcation bourrée de noix de coco répond à une peinture où une pieuvre gigantesque pour film d’horreur agite ses tentacules avec le recul d’une esthétique de décor d’attraction foraine. Alors que le titre « Charon » se réfère au passeur de morts vers l’enfer dans la mythologie antique et rappelle autant les migrants précarisés que les trafiquants de drogue en Amérique latine.

Des bâches en PVC ont servi de support à une expérience cartographique hors normes avec des moyens technologiques associés : impression à jet d’encre, broderies numériques, autocollants, découpes au laser, mini-écrans vidéo. Adeline Duquennoy (1977) et Manuel Reynaud (1980) offrent à l’œil une promenade qui relaie des séquences figuratives de personnages et d’endroits en liaison avec une vie journalière, des signes graphiques codés, des reliefs textiles matiéristes. Une histoire à construire en la traduisant en mots.

Michel Voiturier

« Eldorama » au Tri postal, avenueWilly Brandt à Lille jusqu’au 1 septembre 2019. Infos : +33 (0)320 14 47 60
« Intenso/Mexicano » à l’Hospice Comtesse, 32 rue de la Monnaie à Lille jusqu’au 30 août 2019. Infos : +33 (0)320 14 47 60 ou pba-lille.fr
« La déesse verte » à la gare St-Sauveur, boulevard Jean-Baptiste Lebas à Lille, jusqu’au 3 novembre 2019. Infos : +33 (0)320 14 47 60 ou www.garesaintsauveur.com
Catalogue : Guillaume Evin, Judicaël Lavrador, Caroline Le Got, « Eldorado », Paris, Beaux-Arts, 2019, 66 p., 9€50.

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