JonOne : de la rue aux cimaises

JonOne : un aperçu de l’exposition © Galerie Rasson

Issu du street art, JonOne (New York, 1963 ; travaille à Roubaix) s’inscrit dans un courant qui traduit une synthèse d’une série de pratiques ayant marqué l’évolution esthétique du XXe siècle et celle de ses débuts créatifs en tant que graffeur.

Passé par les tags vandales des couloirs du métro newyorkais, les murs urbains parisiens, il s’est ensuite diversifié en produisant sur toiles. Il participe aussi à des partenariats avec des marques de produits de luxe comme Guerlain et Lacoste, avec Air France ou certaines fondations telles que Montresso.

S’il ne renie pas son passé de street art (voir son tagage de ‘cabine de bain’ ou le choix d’un capot de BMW en tant que support), son travail pictural actuel s’exprime par une déclinaison de la graphie de son patronyme utilisée comme motif récurrent et il avoue d’ailleurs que son travail est essentiellement égocentrique. Ajoutons y son attrait pour une polychromie exubérante qui va parfois jusqu’à utiliser la totalité du spectre lumineux, par une gestuelle rapide, par un recours à l’aléatoire de la matière picturale utilisée en tant qu’éclaboussure et coulure influencée, il le reconnaît volontiers, par Pollock.

Lorsqu’on parcourt les toiles actuellement accrochées aux cimaises, on constate d’abord que la surface des tableaux accueille l’accumulation, la volubilité, le paroxysme, l’exubérance. Elle est utilisée dans sa verticalité, entraînant une double perception à portée symbolique : un déferlement vers le bas ou une ascension propulsée vers les hauteurs, soit une fécondation ou un envahissement du terrestre, soit une exaltation vers le céleste. Dans un cas comme dans l’autre, il est ici question de vitalité.

Abribus après la performance de JonOne devant le Musée des Beaux-Arts de Tournai © Galerie Rasson

La présence plus ou moins affirmée de la graphie initiale du pseudonyme adopté par l’artiste ajoute un jeu graphique constitué par la sphéricité des deux O qu’il comporte et dont la géométrie circulaire, enfouie ou surgissante, vient en contrepoint s’opposer à l’impétuosité débridée du propos. Ce fut particulièrement patent lors de la performance qu’il réalisa à Tournai devant le musée des Beaux-Arts en décorant un abribus la veille du vernissage de son exposition.

Outre cette écriture déclinée sous diverses variations, on discernera dans ses toiles des représentations du fourmillement au sein des grandes métropoles, une synthétisation de la vision nocturne bariolée de leurs centres-villes commerciaux et culturels, une perception de la dynamique même de la nature, l’éphémère de feux d’artifice festifs…  Libre à chacun d’y discerner ce qu’il perçoit ; JonOne, lui, a déclaré lors d’une interview à Sophie Pujas sur « Artistikrezo »: « Je pense que mon travail très coloré donne le sourire.»

Michel Voiturier

En corrélation avec le festival cinématographique « Ramdam », exposition visible jusqu’au 24 février en la galerie Rasson, 13 rue de Rasse à Tournai. Infos : +32 (0)474 93 50 22  ou https://www.rassonartgallery.be/shop

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.