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Edito

L’image de tissu déplié de la première page est en réalité un hommage détourné au mouvement post fluxus bien connu de la scène Bruxelloise, le duo d’artistes performeurs Bruxellois, Toni Geirlandt et Carlos Montalvo dénommé les DK Dialogist-Kantor, rebaptisés pour la bonne cause en « Dieux de la Kave » par Louis Annecourt. Un tissu qui fait lien non seulement dans leur installation de la Centrale électrique mais également avec les enjeux reliant politique et esthétique présents tout au long du journal. Je pense en premier à Véronique Bergen qui nous parle de Provoke, un collectif d’artistes Japonais qui remettent en question le statut officiel de l’art dans un manifeste poético-esthétique.

Une problématique que l’on retrouve dans l’expo « Soulèvements » de Didi Huberman au Jeu de Paume: Le texte de Maud Hagelstein nous parle des difficultés à réunir les deux pôles : poétique et politique. Revenons à l’image de couverture, instantanément elle me fait penser à une forme de rêverie. Que pourrais-je souhaiter de mieux à mes lecteurs que de commencer l’année en beauté en allant voir Paterson. Le film de Jim Jarmusch est probablement le meilleur antidote à la pollution permanente distillée dans les médias. Ce film dégage des parfums insoupçonnés. On pourrait le comparer à une fleur des champs en opposition aux fleurs artificielles que nous distille le marché du cinéma. Paterson, le jeune chauffeur de bus dans le film (qui a le même nom que la ville et que le poète) vit sa vie à l’écoute de son quotidien. En bon récepteur, les petites choses aléatoires qui parsèment sa vie sont pleines de sens… Une courte séquence dans ce film a fonctionné comme détonateur pour résoudre une vieille énigme. Retour aux sources : En 1995, lors d’un voyage en Italie, j’avais eu le bonheur de croiser la route d’Allen Ginsbergh, (le poète de la Beat Generation, apparaît par petites touches de fond dans le film de Jarmusch), je me souviens lui avoir posé la question de la réalité matérielle du Paradis et sa localisation dans sa pensée. Il avait esquivé sa réponse en retournant cette question vers moi. J’avoue avoir été légèrement embarrassé. Fan incontournable, je lui proposai alors de me dédicacer un ouvrage, ce qu’il fit avec une grande gentillesse. Allen Ginsbergh prit soin de faire suivre sa signature d’une calligraphie : un AH entouré d’un rond. Ce n’est qu’après avoir visionné Paterson de Jarmusch que ce souvenir enfoui dans mon cerveau se ralluma en moi. Une rapide recherche sur le net, me reconnecta sur un des sens cachés de cette interjection et me livra en retard, la réponse à la question sur la localisation du paradis… Pourquoi revenir sur cette anecdote ? Depuis longtemps, je reste persuadé, que notre rapport à l’expérience artistique ne se joue véritablement que dans le jeu interactif post-synchronique qui relie l’œuvre, l’artiste et le récepteur.

Un rapport souvent espéré mais parfois rendu difficile par le côté performatif et trop professionnel de l’enjeu. L’expérience négative vécue récemment lors de la rétrospective Tino Seghal au Palais de Tokyo en est une preuve. L’artiste est connu pour privilégier directement le rapport au vivant entre figurants acteurs et public. À la différence des expériences intimistes vécues par le passé avec ce type d’installations, j’eus la sensation étrange, de me sentir prisonnier d’un protocole super-huilé. Résultat des courses : Un sentiment d’infantilisation du public accentué par l’instrumentalisation d’enfants dans certaines salles. Le spectateur devient l’élément central d’un système préfabriqué où le hasard d’une vraie rencontre est à proscrire sous peine d’écroulement de tout l’édifice. Par contre, j’ai vécu une immersion totalement réussie au Cenquatre, un Espace de création parisien qui présentait les installations en trompe l’œil de Hans Op de Beek. Un agencement dans l’espace détenant le pouvoir de nous maintenir éveillé dans la rêverie.
LP

Sommaire

  • 2 Edito  Alechinsky au musée Matisse, un texte de Michel Voiturier
  • 4 Lexique pour une dyslexie UNIVERSELLE, par Annabelle Dupret
  • 5 La langue rouge, un film de Violaine de Villers sur Walter Swenen, un texte d’ Aldo Guillaume Turin
  • 6/7 Exposition sur Robert Filliou au Musée d’Art contemporain d’Anvers par Yoann Van Parys
  • 8/9 Soulèvements, expo au Jeu de Paume, un texte de Maud Hagelstein  9 Emmanuel Dundic, un texte de Ludovic Demarche
  • 10/11 Provoke et la photographie Japonaise, un texte de Véronique Bergen
  • 12/13 les Dialogist-Kantor dans la Central Box, un texte de Louis Annecourt
  • 14 Armand Sylvestre en perspective par Alain Delaunoy, Prix du Hainaut par Michel Voiturier
  • 15 Exposition collective de Sergine Andre sur Haïti, un texte de Michel Briscole
  • 16 Rebel rebel , exposition au MAC’s un texte de Michel Voiturier
  • 17 In Memoriam Damien Hustinx
  • 18 La Fondation Herbert à Gand un texte de Joke Lootens
  • 20/21 Cy Twombly au Centre Pompidou, textes de Colette Dubois et Maud Hagelstein
  • 21 Nativos au Théâtre de Liège, un texte de Judith Kazmierczak
  • 22 Extraits des huit dernières videos du Blog You tube fluxlino
  • 23 The Power of the Avant-Garde expo au Bozar un texte de Luk Lambrecht
  • 24 L.L. DEmars publie à la 5e couche, un texte d’Annabelle Dupret.
  • 26 Jean Loup Sieff au musée de la photo de Charleroi un texte de Michel Voiturier.
  • 27« Panorama » et « Metaphoric Earth, au BPS22, un texte de Michel Voiturier
  • 28  Chronique 15 d’Aldo Guillaume Turin
  • 29 Photo extraite du film “Fever Room”
  • 31 Vues de Flandres , une interview de Benoît Felix par Joke Lootens

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