L’anatomie du tableau
Comme sa vie, Michael Kravagna construit sa peinture, heure après heure, jour après jour,
réitérant le même geste, inlassablement. Sa brosse, chargée de couleur, traverse la toile de
part en part. Elle passe, repasse et passe encore, formant un réseau de lignes régulières et
répétitives que seule, module la légère vibration de la main. Les couches de couleur, chaque
fois différente, se superposent, s’amoncellent, s’additionnent. Si la matière est fluide, les
strates antérieures, ça et là, restent perceptibles. Epaisse, elle se veut plus couvrante et, au
gré du geste sans repentir, parfois dérape ou éclate, créant une béance où le regard peut
s’engouffrer et pénétrer au cœur de l’ouvrage. Tel un organisme vivant, changeant sans
cesse sous l’effet de la lumière, le tableau naît, petit à petit grandit, se nourrit et s’accomplit.
C’est ce processus dynamique que l’artiste nous invite à suivre.
Regarder un tableau de Michael Kravagna, c’est comme découvrir quelque chose présent à
nos côtés depuis longtemps et que l’on n’avait jamais vu. Peu à peu, l’image, obsédante,
s’impose, s’amplifie et, bientôt, envahit tout l’espace du corps et de l’esprit, le reste s’efface,
plus rien d’autre n’existe…le temps est transcendé.
Fascination, immersion, intuition… quelque chose a changé.
Anne Gersten
A la galerie de Wégimont
du samedi 23 septembre au dimanche 22 octobre 2023
Vernissage : le vendredi 22 septembre à 18h30
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