Eric Fourez : variété d’invariantes variations obsessionnelles

Eric Fourez, Sans titre © Didier Coeck

Si Eric Fourez avait été musicien, sans doute aurait-il été La Monte Young (1935), compositeur qui fut parmi les premiers à pratiquer la musique minimaliste en train de se développer vers la fin des années 50 du millénaire précédent, notamment avec son célèbre Trio for strings et ses variations sur quatre notes.

Accents. Accents actés. Accents ainsi posés. Accents accidents de parcours. Accents déposés sur le blanc. Accents maculant l’immaculé du blanc. Accents piquetés tels que piments pilés. Accents disséminés en mémoire avant de disparaître.

Escadrille. Escadrille groupée. Escadrille en essaim. Escadrille comme espadrilles dispersées. Escadrille qui quadrille l’espace. Escadrille en escadre éphémère d’escale. Escadrille étalée ça et là ici bas.

Plage. Plages souvenirs. Plages comme pages. Plages passages à traces. Plages qu’empruntent les empreintes. Plages de sable blanc pour marques. Plages en aplat pour un étale étalage.

Séries. Séries serrées. Séries tant sériées. Séries ainsi disposées dru. Séries strient serties au sol. Séries étirées semées en rang serrées. Séries certes assurées ainsi dans leur suite.

Signes. Signes signés. Signes scindés amassés. Signes signifiés ici éparpillés. Signes assignés à susciter souvenir. Signes insignes ainsi çà et là. Signes signatures pressentis effaçables par temps passant.

Sillage. Sillage distendu. Sillage si sauvage. Sillage signifiant sa suite. Sillage agencé en satellites saturés. Sillage à s’effacer sur marée.  Sillage à sillonner la plage de sable. 

Suites. Suites poursuites. Suites sur site. Suites en sursis provisoires. Suites suintant du sable essaimé. Suites esquissées qui semblent s’esquiver. Suites à suivre d’un œil assidu.

Toile. Toiles peintes. Toiles teintées blanc. Toiles à traces sombres peintes. Toiles où traces peintes sont étirées. Toiles sans étoiles où traces espacent. Toiles où étiolent traces à la trace.

Traces. Traces éparses. Traces au pinceau. Traces en traits tracées. Traces tatouées que reflux traquent. Traces que marées à vagues matraquent. Traces assez peu fugaces là s’amassent.  

Dans les peintures d’Eric Fourez se trouve une atmosphère similaire de celle qui se lit à travers les vers d’Olivier Noria : « il y a, en amont / sur la fine pointe du ressenti //un son continu, un ruissellement  tranquille / à la fois proche et lointain // doux balancement neuf, — comme à l’aube du premier âge » (« Rendre grâce »).

Michel Voiturier

« La lumière impalpable de l’infinitude » du 17 février au 18 mars 2023 en la galerie Faider, 12 rue Faider à Bruxelles. Infos : 02 53 87 118 ou sur www.galeriefaider.be

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