Au Musée de la Lumière et du Paysage, mariage heureux du virtuel et du réel

Le méridien visualisé par la lumière ©MUZE’UM L

Un musée privé s’est intégré dans la campagne proche de Roulers. Il a la particularité d’être construit en fonction d’un méridien. Il se perçoit comme sculpture monumentale. Et se propose d’être un jalon d’une démarche européenne future.

Le musée rêvé par son propriétaire, réalisé par Marc van Schuylenbergh, est dédié au soleil et à la longitude. Il est traversé par le « méridien de lumière » qui fait le tour de la terre reliant le pôle Sud et le pôle Nord, et passant, entre autres, par le phare de Blankenberge en Belgique et celui de Palamos en Espagne.

Le bâtiment s’avère donc d’abord comme l’œuvre d’art principale puisqu’il a été construit pour que la lumière solaire puisse être canalisée entre ses murs de manière à visualiser le tracé virtuel du méridien. Elle y tombe, au solstice d’été, à la verticale du bâtiment lorsque l’heure réelle est midi. L’intérieur est lui-même agencé afin que les effets d’ombre et de luminosité varient en fonction des moments de la journée ou des saisons selon la position du soleil.

Les alentours le prennent également en compte cette ligne imaginaire puisque d’un côté la végétation d’un champ a été plantée de sorte que le tracé soit aussi matérialisé sur le sol de notre planète par la différence de couleur entre cette bande et le reste du champ. L’autre côté accueille des œuvres d’artistes, disposée sur la suite du tracé. 

Les œuvres temporaires d’Annie Brasseur ont beau jeu avec l’espace. Devant l’entrée, « Meridian Dancing », long ruban d’acier, posé au sol, ouvre la connivence avec la lumière : celle-ci s’y reflète. S’y ajoute une complicité avec le vent qui profite d’une boucle métallique pour lui insuffler des mouvements de roulis.

Dans la galerie, d’élégantes structures de tiges en métal érigent leur apparente rigidité. Elles déclinent une géométrie élémentaire composée d’associations variées entre carré, rectangles, cercle. Leurs ombres inscrivent leurs silhouettes sur la blancheur des murs. Il suffit de les effleurer pour que chacune de ces constructions linéaires deviennent mouvements frémis. Duo insolite d’une netteté mathématique et d’une finesse poétique.

Cette dernière dimension l’emporte avec des répliques miniatures de ces constructions. Avec également les formes épurées de colliers à géométrie variable, découpés dans la matière noire du caoutchouc, graphisme étalé aux réminiscences d’îles creuses ponctuant l’océan.

Sur la terrasse, solo de « Cosmos » qui s’inspire de la sphère armillaire dont on se servit jadis pour représenter l’univers et calculer des données géographiques. Les cercles qui la composent tournent à la fois sur eux-mêmes et parallèlement sur les autres en un vertige très sidéral.

Outre les expositions temporaires programmées, des œuvres pérennes sont implantées dans l’espace extérieur créant un paysage en accord avec celui de la nature. Ainsi, Willy Cauwelier a-t-il déposé sa « Green floating light line », monumental étirement de fils planté sur la ligne méridienne, sorte de frontière matérialisée, harpe éolienne silencieuse. Martine Platteau offre un banc en acier korten sur lequel le visiteur s’installera s’il désire méditer et dont l’intitulé, découpé dans le métal, s’avère la coordonnée « 3° 7’ 45’’ ». Enfin, Joost Laroy avec « Spiegeling » propose un condensé de paysage déterminé par ses évocations géométriques plus massives.

Le projet global du MUZE’UM L est à long terme. Il consiste à sensibiliser un maximum de lieux situés sur son méridien afin qu’il finisse par être jalonné sur son parcours terrestre (le reste se situant sur mers et océans) par des témoignages artistiques et culturels. Un itinéraire qui traverserait des pays d’Europe, partant par conséquent de Blankenberge et traversant, entre autres parmi bien d’autres, Menin, Villeneuve- d’Ascq, Tourcoing, Nevers, avant d’aboutir à Palamos.

Michel Voiturier

MUZE’UM L, 23 Bergstraat à Roulers (Roeselar). Infos : MUZE’UM L (muzeuml.be) Prochaine expo: du 9 janvier au 13 mars 2022 : Sei Amori « Nuit Jour ».

2 Comments

  1. Tout est dit, ou presque, avec un minimum de mots et un maximum d’informations. Il s’en déduit un désir de rencontre avec l’immanence du lieu et la transcendance lumineuse qui le dépasse. Sans oublie l’oeuvre d’Annie Brasseur en accord parfait avec l’esprit du site..

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