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Itinéraire perlé de Jean-Michel Othoniel

En une pertinente interview, Guidino Gosselin pénètre au cœur de l’œuvre sculptée du plasticien français.

Partant de l’idée que l’œuvre de l’artiste est un perpétuel autoportrait, l’auteur Guido Gosselin aborde l’interview fleuve en traçant chronologiquement le parcours du sculpteur français Jean-Michel Othoniel (1964, Saint-Etienne). Plus que jamais, l’approche de l’art contemporain est aujourd’hui plurielle et la voici donc considérée sous l’angle d’un psychanalyste amateur d’art contemporain. Dans cet itinéraire de vie et de création un jalon est immédiatement posé, l’homosexualité ressentie dès l’adolescence du plasticien, mais aussi le contact très jeune avec le musée local et les artistes qui s’y manifestaient. Des prémisses qui laisseront des traces car il sera question d’un traumatisme, de narcissisme, de séduction, de pulsions, d’intimité, de préoccupations corporelles omni présentes (Soufre/souffrance), voire d’érotisme et de sexualité. Selon l’auteur qui voit en ces éléments des moteurs quasi permanents de la création, l’art qui se forge lentement apparaît aussi métaphorique et métonymique.

Grâce à des contacts favorables avec des artistes de renom lors de ses études et à la rencontre d’un galeriste parisien qui le propulse en solo à la Fiac, Othoniel voit sa carrière démarrer sous les meilleurs auspices, d’autant plus qu’il débarque à New York au moment où le marché de l’art prend son élan avant l’essor qu’on lui connaît désormais. Il sera rapidement de la partie.

Une autre rencontre déterminante sera celle de son partenaire de vie, le sculpteur belge (1963, vit à Paris) Johan Creten qui lui fait découvrir « la folie flamande baroque », les Magritte, Broodthaers, les Singuliers de l’art, le surréalisme (Lautréamont) et bientôt Jan Hoet avec qui s’établit un rapport amical et de confiance. Ce qui lui vaut une invitation à la Documenta de 1992.

Si chacun connaît ses sculptures de perles de verre aujourd’hui présentes dans l’espace publique et exposées mondialement, on oublie souvent que le chemin qui l’a conduit jusqu’à la coupole de l’Institut de France (il est académicien) est passé initialement par les œuvres jaunes de soufre, par les obsidiennes et la découverte des volcans, matières artistiques improbables. Un rappel bienvenu qui éclaire un trajet créatif finalement très axé sur la recherche et l’expérimentation. Le présent ouvrage a le mérite de faire pénétrer au cœur de la création, des motivations, des formes symboliques et des histoires qui l’innervent. Si le rapport à la beauté est abordé, tout comme à la poésie, si l’attrait pour les jardins, les fleurs est pointé, si les principales œuvres et expositions sont décortiquées, on reste surpris que la question pourtant essentielle du décoratif (monde qui m’intéresse peu, dixit le sculpteur), de la parure (liée au corps), voire du bijou monumentalisé, ne soit pas approfondie. Peut-être parce que l’artiste déclare : « Jamais à aucun moment je n’ai voulu faire une œuvre au second degré » ?

C. Lorent

Jean-Michel Othoniel – Entretien avec Guidino Gosselin. 154 p., illustrations couleur, Manuella Editions, 2023. 20 €.

Guidino Gosselin est un psychanalyste belge auteur de plusieurs ouvrages traitant d’art contemporain. Il a notamment consacré des écrits à Armand Simon, Johan Creten, Marie-Jo Lafontaine et Françoise Pétrovitch.

Actualité de Jean-Michel Othoniel

° “The Flowers of Hypnosis”, Brooklyn Botanic Garden, New York, jusqu’au 22/10/2023.

° « La Fontaine des Fleurs mouvantes », Sète, jusqu’en décembre 2023.

° « Le Pont aux Boules d’Or » à Méréville (Essonne, France), juin 2023.

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