A Bruxelles, Deux fois Guy Mees

Guy Mees, « Verloren Ruimte (espace perdu), 1995. Courtesy Galerie Micheline Szwajcer.

En Belgique, l’art des années 60 à 90 a été très riche en figures importantes qui s’inscrivaient pleinement dans les mouvances internationales tout en développant des particularités poétiques qui donnent à ces oeuvres une coloration et une puissance singulière. Beaucoup de ces artistes n’ont pas été suffisamment reconnus sur la scène internationale et il est urgent aujourd’hui de les (re)découvrir. C’est le cas de Guy Mees (1935-2003) à qui la galerie Micheline Szwajcer et le Bureau des Réalités consacrent une double exposition conçue par Lilou Vidal.

L’oeuvre de Guy Mees apparait multiple, elle s’avère pourtant d’une cohérence exemplaire. L’artiste a toujours cherché à brouiller les frontières entre peinture et sculpture – il s’agissait d’échapper aux limites du tableau -, refusant toute classification et toute hiérarchie. Il s’inscrit dans l’art de son temps comme en témoigne une rigueur formelle, mais les matériaux qu’il met en oeuvres sont fragiles – dentelle, papiers fins, découpes délicates – et mettent à l’avant-plan sensibilité, sensualité et délicatesse. A la galerie Micheline Szwajcer, l’exposition se situe entre les deux séries nommées par l’artiste « espaces perdus ». La première date des années 60, elle est constituée de volumes posés au sol ou accrochés au mur qui rappellent les travaux minimalistes qui leur sont contemporains. Mais chez Guy Mees, ces volumes sont recouverts de dentelle industrielle et parfois un néon se glisse à l’intérieur apportant à la pièce une vibration singulière. La dentelle est un tissu, elle réfère à la toile, mais aussi au corps, à la peau et au vêtement. La seconde série des « espaces perdus » date des années 80. Il s’agit de papiers colorés et découpés épinglés à même le mur. Le processus de découpe laisse place aux éraflures, le mode d’accrochage génère d’infimes espaces entre le papier et le mur, les couleurs jouent avec l’architecture de l’espace les lumières changeantes. Entre ces deux séries, on trouve les oeuvres des années 70, des barres en aluminium posées sur le sol, des suites de petits traits colorés sur des papiers décrivent les combinaisons multiples des positions de trois personnes. D’autres feuilles aux coins coupés sont ponctuées de petits points de pastel coloré, d’autres encore se couvrent de papiers découpés en forme de petites jupes, autant d’éléments que l’artiste a nommé « Ballets imaginaires ».

Au Bureau des Réalités, Lilou Vidal a regroupé des archives qui permettent de rencontrer au plus près le travail de Guy Mees. Ces documents, photographies et vidéo témoignent des prises de position de l’artiste et de ses intérêts pour la nature et l’environnement comme cette boule remplie d’eau pure jetée du haut d’un pont dans un canal à Zelzate en 1970.

Colette DUBOIS

Guy Mees jusqu’au 22 octobre à la Galerie Micheline Szwajcer, rue de la Régence, 67 à 1000 Bruxelles. Ouvert du jeudi et vendredi de 10 à 18h30 et samedi de 12 à 18h30. www.gms.be

« Archives » de Guy Mees jusqu’au 12 novembre au Bureau des Réalités, chaussée de Neerstalle, 327 à 1190 Bruxelles. Ouvert le mercredi de 12 à 18h et sur rendez-vous. +32 473 36 31 99.

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