Téléchargez Flux News 71 via ce lien
Edito
Il sera beaucoup question de passages et de migrations dans ce 71e numéro. La récente Biennale Internationale de Photo de Liège qui s’est muée, pour la bonne cause, en Biennale de l’image possible entre de plein pied dans ce débat. En introduisant l’idée d’image possible ne formulons nous pas l’idée d’une image impossible qu’il serait bon de ne pas montrer? Un long débat qu’il serait difficile d’entamer tant dans ce domaine les paradoxes en art sont légions. Ma dernière visite dans le département d’art Ancien au nouveau musée de la Boverie m’a conforté dans ce que je craignais: quand l’oeuvre n’est plus montrée dans des conditions optimales de visibilité pour le regardeur elle perd automatiquement son pouvoir auratique et devient une image. Aujourd’hui, cette spécificité est devenue un problème international. Tous les musées du monde, par souci d’efficacité, souffrent de ces engorgements d’espaces de présentation qui renvoient l’oeuvre d’art au statut d’image.
Il y a bien sûr des exceptions… L’une d’entre elle a été vécue à Venise cet été. Un court séjour qui m’a permis de voir une magnifique exposition, au Palazzo Grassi, l’anti show room par excellence. J’étais à la recherche de la sirène de Sigmar Polke gentiment conseillée par Louis Annecourt, qui consacre une page à cette expo dans ce journal. Et puis surtout l’éblouissement, partagé avec Judith, ma compagne : la visite de la copie d’un Véronèse, Les Noces de Cana au réfectoire du couvent palladien de San Giorgio Maggiore. J’avais pu contempler l’original du tableau, présenté au Louvre en face de la Joconde, il y a de cela quelques années. Bruno Latour, scientifique français de renom, a donc réussi à convaincre le directeur de la Fondation Cini de tenter l’opération du double parfait, grâce à un artiste génial, Adam Lowe. Une vidéo d’une conférence de Bruno Latour sur le sujet postée sur you tube m’avait mis l’eau à la bouche, Latour parlait littéralement du vol de l’aura. Une migration vers Venise justifiée par le fait de la réussite totale de l’opération. Le scannage 3D permet aujourd’hui de restituer la chair de la peinture, nous ne parlons donc plus d’un poster, d’une simple copie, mais d’un deuxième original. Il suffit de se rendre sur place pour réaliser que la magie opère: il y a plus de sacralité dans la réplique que du coté de la relique. Peut-on pourtant, comme le fait Bruno Latour, parler de vol de l’aura? Il est vrai que tout joue dans ce sens: la réinstallation de la copie dans son lieu de fabrication, le réfectoire des moines dessiné par Palladio, le cheminement par paliers pour accéder à la pièce centrale, la lumière naturelle de la lagune baignant la salle, entrant en osmose avec le sujet de la toile elle même. Mais aussi la hauteur idéale de présentation s’intégrant parfaitement dans l’architecture et offrant au regard la possibilité de camper immédiatement, en un seul regard, la totalité de la scène. Une série de facteurs, et j’en oublie, qui concourent à donner raison à Latour quand il parle de migration de l’aura.
L’idée d’un déclin, de la désagrégation de l’aura, à l’heure de sa reproduction technique, théorisée par Walter Benjamin, va t elle définitivement être rangée au placard de l’histoire? Devons nous nous réjouir qu’en lieu et place d’une possibible disparition de l’aura vienne se greffer, à travers ce passage possible une nouvelle renaissance? Le miracle de Cana qui symbolise le premier miracle du Christ, la transformation de l’eau en vin, trouve-t-il sa consécration à Venise? Peut on parler pour autant de vol de l’aura? A mes yeux l’aura qualitative sera toujours présente dans l’original du Louvre, quoi qu’il arrive. Je parlerai plutôt, pour la réplique originale de Venise, d’aura quantitative. Un supplément d’âme auratique permis par la réplique, qui serait la résultante d’une mise en conformité avec un lieu, une lumière, un silence,… C’est une réjouissance de se retrouver devant un faux plus vrais que le vrais, en résonnance avec la vraie vie. Je vous convie à vivre cette expérience par vous même. A Venise, Véronèse reçoit sur rendez vous uniquement.
Édito
• 5 Pierre Ardouvin expose chez Yoko Uhoda, interview de l’artiste par Lino Polegato. Vincent Barré au Musée Matisse, un texte de Michel Voiturier
• 6 Iselp, Institut de l’entre deux”, un texte de Catherine Callico. Expo Tandem au Centre de la Gravure, un texte de Michel Voiturier.
• 7 Expo d’Alain Janssens chez Flux, un texte de Sylvie Bacquelaine
• 8 Exposition de Francesca Woodman et sortie du livre “Devenir un ange”, un texte de Véronique Bergen.
•10 Recensement de l’expo de Sigmar Polke au Palazzo Grassi à Venise, un texte de Louis Annecourt.
• 11 Expo d’Helena Almeida au Wiels, un texte de Judith Kazmierczak et de Sandra Ancelot.
• 12 Expo de Thierry Grootaers et Laurent Impeduglia à la Galerie Nadine Feront, Expo de Valentin Dommanget au Triangle Bleu, un texte de Lino Polegato
• 13 Biennale de L’Image Possible à Liège, recensement de Celine Eloy
• 14 Expo Edith Dekyndt au Drapier, Liège, un texte de Ludovic Demarche. Luzia Simons, Out Of the Blues, un texte de Romain Masquelier
• 16 Expo de Guy Mees à Bruxelles, un texte de Colette Dubois
• 17 Expo de Ferrée/Hennig à l’Ikob, un texte de Romain Masquelier, Interview de Frank-Thorsten Moll par Lino Polegato
• 18 11e edition de Manifesta à Zurich, un texte de Colette Dubois, Hommage à Patricia Kaiser par Messieurs Delmotte
• 19 Interview de Mary Sherman par Yannick Franck.
• 21 Expo Facing the Future au Bozar, un texte de Luk Lambrecht.
• 23 Exposition Lucien Kroll au Bozar, un texte de Charlotte Lheureux. Intervention de Djos Janssens à l’Hopital de Beveren, un texte de Jeremie Demasy
• 24/25 Energy Flash, exposition de groupe au Muhka, un texte de Yoann Van Parys.
• 26 Juan D’Outremont au Musée d’Ixelles, un texte de Joke Lootens. Expo BPS22, un texte de Kariine Janssen.
• 29 Expo de René Guiffrey au Centre d’art de Camprédon, un texte de Michel Voiturier. Expo “Irisations” à la Fondation Vasarely, un texte de Michel Voiturier.
• 30 Expo Paul McCarthy chez Xavier Hufkens, un texte de Annabelle Dupret. Robert Varlez à la Maison de la Culture de St Gilles, un texte d’Annabelle Dupret.
• 31 Recensement du film d’Abbas Fadhel, “Homeland” et de l’expo de Bilal Bahir sur la guerre en Irak, un texte de Catherine Angelini.
• 32 “Un temps sans Age”, la 14e chronique d’Aldo Guillaume Turin
• 33 page d’artiste du collectif Martiensgohomme
• 35 La Flandre et la Wallonie, deux mondes bien distincts, un texte de Joke Lootens
Poster un Commentaire