Le M, le Musée d’Art contemporain de Louvain, organise la première rétrospective de Peter Buggenhout en Belgique. L’exposition nous offre une large rétrospective de ses œuvres, des années 1990 à ce jour. Un apperçu qui réunit à la fois des œuvres de séries, quelques maquettes et des grandes sculptures de poussière. Une série d’œuvres à taille plus réduite protégée dans leur cage en verre et deux nouvelles installations aux allures vaguement anthropomorphiques viennent couronner le tout.
La scénographie concue par Eva Wittocx, en complicité avec Peter Buggenhout , évite le piège d’une spectacularisation facile. La succession bien rythmée des salles épouse parfaitement les différentes périodes de création de l’artiste. D’apparences chaotiques, constituées de matières “abjectes”, c’est le terme utilisé par l’artiste pour parler de ses sculptures, l’œuvre de Peter Buggenhout interroge nos racines animistes enfouies au plus profond de notre cortex cérébral. Cette forme de répulsion congénitale se conjugue parfois avec une forme d’attraction magnétique. Constituées de sang, de cheveux, d’entrailles, de poussières, les œuvres de Peter Buggenhout n’en demeurent pas moins hyperstructurées. Malgré le chaos un sentiment de désordre organisé se laisse toutefois appréhender. Extraits de l’entretien, visible sur You Tube. Lino Polegato : J’ai le sentiment qu’aujourd’hui dans votre travail vous partez de plus en plus du désordre vers l’ordre ? Peter Buggenhout : Je m’exprime aujourd’hui avec moins de moyens pour dire la même chose qu’avant. Certains l’appellent le chaos. Je ne l’appelle pas ainsi. C’est plutôt quelque chose d’incompréhensible. Ne pas pouvoir comprendre les choses en continuant malgré tout de vivre avec ça. Je ne vois jamais de direction. C’est ce que j’essaie de faire passer comme message. Quand je n’arrive pas à terminer une pièce, je la mets de côté pendant quelques mois, quelques années, puis soudainement j’ai besoin d’un morceau pour ajouter à une autre pièce et l’illumination surgit. Ce n’est pas que le hasard, il y a d’autres choses. Il y a la volonté, plein de choses. Je refuse de couper ce monde dans des particules compréhensibles.
L.P.
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