Comme chaque année à la même période, la Tefaf ouvre ses portes aux collectionneurs et visiteurs du monde entier. Fidèle à sa réputation de décor fastueux, elle est fleurie cette fois dès son entrée de 33.000 roses blanches. Principale innovation pour 2015, une nouvelle section intitulée Night Fishing : dix galeries y présentent chacune un sculpteur contemporain. Une opération de séduction vis à vis des galeries d’art contemporain afin qu’elle reviennent en force au sein de la Foire.
Comme commissaire d’honneur de Night Fishing, il y a Sydney Picasso, belle fille du peintre. (un film nous montrant son interview est visible sur you tube). Pour Zeno X, une des galerie invitées, le succès est au rendez vous. La galerie anversoise présente quelques sculptures en bronze de Mark Manders (1968). Elle a tout vendu! Pour Frank Demaeght, le galeriste anversois, cette vente démontre un intérêt pour l’art contemporain. Pour lui, la présence accrue de nouveaux collectionneurs internationaux dans son carnet d’adresses n’est pas en soi une raison de s’insérer dans le groupe des exposants dans le futur. Il me confie: “Je reviendrai l’année prochaine, si on m’invite de nouveau”. Pour Frank Demaeght, comme pour les galeristes d’art contemporain du top qui ont déserté la Tefaf, Sperone Westwater ou Gagosian (Jeff Koons) le choix est difficile: ils doivent choisir entre Art Basel Hong Kong (Foire internationale d’art contemporain) et Maastricht qui se tient au même moment. Le marché asiatique, en pleine expansion, attire lui aussi les investisseurs. La Chine reste en tête du marché mondial de l’art avec un chiffre d’affaires de 5,6 milliards de dollars en 2014. Si pour l’instant, quelques galeries sont toujours présente, Karsten Greve (Twombly) ou Tornabuoni (Boetti), la Tefaf devra à coup sûr, si elle veut continuer à prospérer du côté de l’art contemporain, composer avec la Foire de Hong Kong… Le même problème se pose avec Art Brussel qui entre en concurrence avec la Foire de Cologne…
Côté surprises, la Tefaf reste unique. A épingler le stand de Bernard Degrunne. Le spécialiste de l’art tribal présente dans une mise en scène de type muséal une série de sculptures originaire de Bornéo: 9 statues Dayak. Non encore reconnu à sa juste valeur, l’art tribal indonésien, contrairement à l’art tribal africain se négocie à des prix abordables (entre 50000 et 150.000 euros) “On n’a plus fait d’expos d’ensemble de cet art depuis 1973 au musée ethnographique de Delft” nous dit-il “On pensait que ces objets étaient anciens de cent ans. On découvre aujourd’hui, grâce au carbone 14, que les plus anciennes pièces ont plus de 2500 ans”.
Pour les amateurs d’antiquités la Tefaf reste encore assurément la foire mondiale de référence. A ne pas manquer les stands d’Axel Vervoordt et d’Albert Vandervelden, l’Anversois et le Liégois, tous deux adeptes d’une scénographie étudiée qui renvoit à leur personnalité. Considérée comme un des plus grands musées au monde cette Foire était encore cette année un rendez-vous de qualité. Croisé au détour de la galerie Keitelman, un magnifique Marcel Duchamp en bronze moulé vif, une main posée sous son menton, songeur devant son échiquier. En arrière-scène, La mer à Pourville, une huile sur toile de 1882 de Claude Monet attend son acquéreur à sept millions de dollars. ( Le tableau, récemment restauré, avait été acheté en 1882 par Paul Durand-Ruel, le célèbre marchand qui fit la célébrité de Monet et des impressionnistes. Ah ces marines qui sentent la mer!
Lino Polegato
Tefaf 2015 Maastricht, 13-22 March
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