Premier novembre 2019.
En ce jour de tous les saints précédant le jour des morts, je désire rendre hommage à l’exposition de Hussein Bedday se déroulant au Jardin Botanique de Liège.
Durant plus de 3 mois, l’artiste irakien s’est retranché sous terre, dans les caves sous serres… Dans cette matrice sombre, il a œuvré sur ses racines anciennes pour en créer de nouvelles. Le lieu, inhospitalier jusqu’alors, a accueilli en ses chairs de glaise la mémoire tourmentée de Hussein Bedday. Les murs se sont alors tapissés d’ombres rouge sombre, de linceuls de souffrance, et de suaires fantômes. Les outils servant à creuser le sol se sont transformés en visages témoins. Et dans la seconde salle, des sculptures au visage double disposées devant des miroirs ont reflété leur part de douleur. Ces masques bifaces sont les traces du passé mais aussi l’actualité de Hussein Bedday décrivant son travail en ces termes :
« Mes pinceaux sont mes seules armes et mes couteaux de sculptures remplaceront petit à petit les haches de guerre. Ces guerres qui ont réduit tant de sourires d’amis en gueules cassées, et coupé les racines à la base de mon existence »
Au sein de ces effigies sacrant le lien aux origines, d’autres apparitions se glissent : un ange racine se profile, un homme racine danse, et d’autres lueurs d’espoir éclairent la renaissance d’un homme intégrant, par la voie de l’art, l’itinéraire qui est le sien, et nous l’offrant à méditer au regard de nos réalités individuelles et collectives.
Judith Kazmierczak
A voir jusqu’au 16 novembre aux serres du Jardin Botanique de Liège.
Très beau texte sur le travail de Hussein Bedday et il le mérite bien…MD
Merci à Lino, rare galeriste, qui vient en vélo bravant vent et pluie pour venir découvrir l’exposition de Hussein Bedday, merci à l’équipe de Flux d’avoir su saisir ce dialogue entre l’artiste et le lieu, d’avoir pu mettre des mots sur des douleurs anciennes et grâce cette exposition aura permis à l’artiste de prendre sa véritable mesure, et de ne jamais renoncer à ce travail en profondeur pour mieux nous interpeller.