Artiste(s)
Michel Leonardi, Agustino Tulumello, Marc Angeli
Expo
Du 3 Mai au 1er Juin 2024
Vernissage le vendredi 3 mai dès 18H
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Pane, Olio,Vino.
C’est sous le signe des antiques saveurs «italianisantes» que s’inscrit cette exposition qui réunit trois artistes d’origine italienne chez Flux Galerie. Au départ, à l’origine de cette exposition, il y a Agustino Tulumello (1959 )Il vit et travaille actuellement à Montedoro en Sicile comme producteur d’huile d’olive. Un programme de maturation qu’il suit méthodiquement à travers les différentes étapes de transformation. En parallèle de cette noble activité, il y a son parcours artistique très spécifique, vécu au jour le jour, comme un journal intime qui traverse le temps.
Les trois artistes s’inscrivent dans un courant de l’art abstrait à caractère minimaliste. Je dirais aussi vitaliste dans le sens ou le travail d’atelier sur la couleur est un processus créatif en mouvement permanent et en évolution constante. Ce sont en général des peintures monochromes qui vivent leur vie propre et qui parfois comme c’est le cas chez Marc Angeli nous offrent des surprises dans leur évolution temporelle. À l’inverse d’un Marc Angeli, qui expérimente la particularité des mariages entre supports et pigments, Michel Leonardi s’intéresse à la spécificité intrinsèque des jeux chromatiques colorés constitués de pigments purs associés à des liants acryliques sur toile. Agostino Tulumello est lui plutôt habité par le côté obsessionnel du temps qui s’écoule. Ses oeuvres constituées pour la plupart d’encres de Chine colorées sur papier font indirectement référence aux écritures calligraphiques de type oriental. Nous nous trouvons chez lui face à une aventure méditative où la répétition du signe et d’une écriture se marie dans une recherche d’unité.
Lino Polegato
Agostino Tulumello : Regards sur l’existence par Giovanni Cardone
En regardant les dernières œuvres d’Agostino Tulumello, je peux affirmer: la notion d’art en tant qu’instrument de communication visuelle vit dans sa peinture à travers la poétique du signe, protagoniste d’un code expressif qui, héritier d’une culture internationale établie dans l’immédiat après-guerre, de l’abstractionnisme à l’informalisme, libère le postulat artistique de toute obligation représentative. On peut dire qu’Agostino Tulumello se réfère à un art qui s’oriente vers une recherche abstractionniste jusqu’à arriver à un abstractionnisme graphique. La réalité pour Tulumello n’est certainement pas le champ visuel de la donnée rétinienne, mais celui de son élaboration mentale qui se manifeste principalement à travers des signes et des couleurs, témoins significatifs d’une conscience artistique qui n’est qu’apparemment désinvolte et rapide, en réalité pleine d’un grand équilibre compositionnel, mais toujours dévouée à un besoin exploratoire libertaire. Quant aux racines de cette pulsion qui interagit avec des impulsions émotionnelles pleines de pulsions, il faut les chercher dans le lexique informel, qui est tellement centré sur les valeurs de la triade signe-gestualité-matière. Chaque tableau de Tulumello est donc l’affirmation d’un équilibre compositionnel personnel, exprimé par l’acte de peindre et sa nature de participation intense à la vie, d’identification panique d’une totalité physique et psychique. L’art de Tulumello laisse exploser toutes les incidences de ses données personnelles en se structurant en tant que pensée et en s’identifiant au présent. Et voici donc le sens d’un organisme pictural, dans lequel la force explosive de la couleur, qui se connote, dans un même temps, à la fois comme pâte chromatique et comme ignition incandescente, est certainement dévorante. Sa peinture est un triomphe de la matière et de la lumière, qui conduit à des métamorphoses continues, entre épiphanies d’éclairs cosmiques et paysages mentaux de magma incandescent, trajectoires vitales et dynamiques de particules infinies en mouvement, qui se réalisent dans son art dans ce qui constitue pour Agostino Tulumello le point pivot de son engagement : transférer toute l’énergie de l’espace réel sur la toile, la codifier en énergie picturale, c’est-à-dire dans une peinture qui est avant tout un « fait concret », une condition authentique et palpitante. En ce sens, son expérience est aussi une recherche sur les possibilités d’exploration offertes par l’acte de peindre, un voyage humain qui, dans les textures graphiques et les pulsations chromatiques, dans les zones d’ombre et de lumière, laisse libre cours à l’empreinte de l’existence en action, intime et vibrante, prête à plonger dans les profondeurs de son propre être, pour ensuite ressurgir et se repérer dans une lueur ou disparaître à nouveau. Et c’est un jeu qui n’en est pas un, parce qu’il ne s’agit pas d’un artifice, mais d’une orientation picturale visant à l’expérimentation continue, à la poésie visuelle, à l’inventivité vitale et fiévreuse, dans laquelle le rapport avec la réalité revient pour devenir l’expression authentique d’une situation humaine saisie dans sa manifestation concrète à travers ses œuvres, l’artiste nous prend par la main et nous conduit à travers un voyage intime, qui part de l’esprit intérieur et se termine par la contemplation de la Nature et de l’Univers. Son œuvre est une réflexion approfondie sur la création, un chant, un hymne à la Nature et à tout le monde qui nous entoure, un cantique enchanté et suspendu de la mémoire franciscaine, réinterprété et interprété, certes, dans la sensibilité contemporaine, mais qui en garde toute la merveille ineffable, tout l’enchantement silencieux, toute la poésie. De la terre et de l’humanité naît sa dimension d’absolu, de divin. Agostino Tulumello est un artiste authentique et humble. Dans l’art d’aujourd’hui, où l’inspiration et l’idée ne sont souvent pas suffisamment soutenues par une connaissance adéquate du « faire de l’art » et du « faire avec art », Agostino se distingue par l’utilisation confiante d’une gamme coloristique variée, propre à son langage. En dehors de tout formalisme compositionnel, et loin des séductions faciles de la culture académique, son travail oscille entre conscience allégorique et réelle déception. Elle est le miroir invisible de l’âme pour une réalité visible qui envahit peu à peu les espaces vides et devient corps, couleur, lumière. La lumière est intense. La couleur est représentative, résolument expressive et brillante. Elle envahit la réalité par des ruisseaux denses. Partant de différents accents et de réflexions attentives sur des situations artistiques qui se superposent aujourd’hui dans le panorama de la peinture italienne, Agostino Tulumello fait irruption sur la scène artistique avec sa propre géographie picturale construite sur un abstractionnisme « solide ». Dans certains cas, les suggestions oniriques des surréalistes ne manquent pas, ainsi que la concision graphique qui accompagne simultanément son activité d’artiste. C’est aussi comme le dynamisme lyrique toujours associé à un signe qui ne se lasse pas de manipuler et de modeler chacune de ses compositions. Nous nous trouvons face à des œuvres caractérisées par une forte personnalité où l’intensité chromatique s’accompagne d’une rédaction de signes chargés de significations symboliques. Pour lui, il n’y a pas de rêve contre la réalité, mais cette dystonie apparente, ce qui est une opposition, et peut-être une contradiction, trouve sa synthèse dans le rêve comme sortilège de la vie. Un autre aspect de sa peinture est d’incorporer des accents lyriques sous la rubrique d’un journal intime, symbole d’espoir, vers de nouveaux horizons que la vie nous offre parfois. Dans sa dimension poétique, l’artiste, sans être lié à l’iconographie, mais en restant abstrait ou informel, imagine et transpose sur la toile ou le papier la vision qu’il a en lui : des extases célestes, des ciels mus par un signe créateur, une idée absolue, sans rhétorique, des traînées de couleur ou un signe graphique si limpide, essentiel, profond, intense et donc spirituel. Si les modes de narration sont différents, la recherche des éléments stylistiques les plus appropriés pour communiquer le caractère sacré de la vie et sa dimension métaphysique est commune. Le grand artiste anglais Francis Bacon estime que sa façon de comprendre la vie est équivalente à la façon dont il comprend la peinture, qu’il considère comme une irruption dans la vie, une sorte de continuation de la vie. L’art exprime en effet le métaphysique, le sublime, l’abstrait de manière visible et permet à l’homme de dépasser, pour ainsi dire, la force de gravité qui le maintient agrippé, attaché à la terre et lui permet une expérience spirituelle. Enfin, en regardant les œuvres d’Agostino Tulumello, je pense à Emanuele Severino qui disait : « Eh bien, pour tenter de refonder le sens de l’art, non plus comme expression du nihilisme et de la volonté de puissance qui en découle, il faut reconsidérer le sens authentique de l’être, sa structure originelle, en montrant que dans son sens originel, exposé par Parménide, est incluse la totalité de l’être qui entre dans l’apparence. Il faut donc revenir à Parménide, mais pour aller au-delà de Parménide, et donc tracer le chemin que Severinus, déjà dans son premier grand ouvrage, « La structure originelle », indique comme le chemin du jour, le chemin dans lequel l’être, la totalité de l’être, est et il est impossible qu’il ne soit pas.
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Ouvert du jeudi au samedi de 16h00 à 19h00 ou sur rdv au +32 496 72 13 39, fermé le 9 et 10 mai à l’occasion de l’Ascension
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