Nxt Museum, le musée du futur?

Dimensional-Sampling-1-by-Yuxi-Cao-James.-Part-of-the-inaugural-exhibition-at-Nxt-Museum-_Shifting-Proximities_.-©-Peter-Tijhuis
Dimensional Sampling (2019-2020), Yuxi Cao avec l'artiste du son, Lau Hiu Kong

Premier musée dédié à l’art des nouveaux médias aux Pays-Bas, le Nxt Museum a ouvert ses portes en août dernier et nous avons finalement eu l’occasion de nous plonger dans cette première exposition ‘Shifting Proximities‘.

Situé dans le nord d’Amsterdam, en plein essor, le Nxt Museum (1400 m2) présente huit installations artistiques multi-sensorielles de grande envergure. Chacune de ces installations multidisciplinaires a été créée en collaboration avec des artistes, des designers, des technologues, des scientifiques et des musiciens locaux et internationaux, fusionnant les idées créatives avec la recherche universitaire et l’innovation technologique.

Le Nxt Museum se veut être un musée qui fusionne « l’art innovant et la technologie de pointe pour réfléchir sur le présent et regarder vers l’avenir » (Merel Van Helsdingen, Fondatrice). Quand l’art, la science et la technologie s’entremêlent, il nous reste à penser « What’s Next? ».

En effet, ‘Shifting Proximities‘ impressionne et emmène le visiteur dans un voyage visuel, technologique et sonore et cherche clairement à l’engager et intéragir physiquement, émotionnellement mais aussi intellectuellement, allant de l’expérience de la formation d’un trou noir, à l’apprentissage de la communication des plantes, mais aussi à s’imiscer soi-même dans les failles algorithmiques de la reconnaissance faciale.

Distortions-in-Spacetime-by-Marshmallow-Laser-Feast.-Part-of-the-inaugural-exhibition-at-Nxt-Museum-_Shifting-Proximities_.-©-Marshmallow-Laser-Feast
Distortions in Spacetime (2018-2020), Marshmallow Laser Feast

Une des installations immanquables est sans aucun doute ‘Distortions in Spacetime‘ . Espace totalement recouvert de miroirs, il nous plonge dans l’infini, face aux derniers instants d’une étoile géante. Les atomes se compriment à un point où la densité devient infinie, le temps s’étire jusqu’à l’arrêt et le champ gravitationnel est si fort que même la lumière ne peut s’en échapper. Une manière fascinante d’illustrer et de comprendre le lien cosmique entre les trous noirs, les étoiles mourantes et notre existence.

Econtinuum-by-Thijs-Biersteker-in-collaboration-with-Stefano-Mancuso.-Part-of-the-inaugural-exhibition-at-Nxt-Museum-_Shifting-Proximities_.-©-Thijs-Biersteker
Ecoutinuum (2020), Thijs Biersteker en collaboration avec Stefano Mancuso, neurobiologiste.

Econtinuum‘, quant à elle nous offre un aspect poétique et délicat de la communication entre deux arbres dans une forêt. Ceux-ci travaillent sans arrêt ensemble, s’avertissent à l’aide de signaux électriques et se nourrissent mutuellement. Des capteurs sont disposés dans la piece et captent les niveaux de CO2, de composés organiques, d’humidité, le son et également la température. Lorsque les visiteurs sont introduits dans le système, les racines réagissent à leur présence et apprennent de leurs schémas, formant un écosystème futuriste de partage des connaissances. Il nous fait prendre conscience à quel point nous pouvons apprendre de ce qui nous entoure.

Biometric-Mirror-by-Lucy-McRae-and-Dr-Niels-Wouters.-Part-of-the-inaugural-exhibition-at-Nxt-Museum-_Shifting-Proximities_.-©-Peter-Tijhuis
Biometric Mirror (2018-2020), Lucy McRae et Dr Niels Wouters

Oeuvre complétement intéractive, nous en sommes le sujet. ‘Biometric Mirror‘ est le temple de la technologie qui expose le visiteur à un algorithme de reconnaissance faciale mesurant la stabilité émotionnelle, la gentillesse, l’intelligence et la soi-disant beauté. Cette installation remet notamment en question les critères d’IA, biaisés et adaptés aux standards occidentaux. Plusieurs associations ont d’ailleurs aujourd’hui vu le jour, tels que l’Algorithmic Justice League, et cherchent à mettre en lumière les implications sociales et les méfaits de l’intelligence artificielle.

Enfin, nous arrivons dans la salle finale, et non pas des moindres vu ses dimensions et sa projection audio-visuelle massive et captivante. Inspiré par les QR-codes, l’artiste Yuxi Cao les voit comme une nouvelle forme de langage qui ne peut être interprété que par des machines. Les graphiques palpitent et résonnent dans l’espace et laisse subtilement apparaitre les QR-codes, le tout dynamisé par les sons de Lau Hiu Kong.

Sans aucun doute, le musée porte bien son nom et le visiteur est à 100% exposé à l’art des nouveaux médias. Mais il questionne également sur les effets néfastes de cette société technologique. En effet, le contexte pandémique dans lequel nous vivons actuellement ne fait que renforcer la force et la portée d’une telle exposition, les rapports de proximité en sont chamboulés et la technologie permet de rester connectés, voire protégés? Mais où est la limite de cette mobilisation, pouvant à tout instant tomber dans le contrôle ou le exploitation. Dans ce contexte, les artistes sont certainement placés au premier plan pour naviguer dans ces contradictions complexes et, tout en s’appuyant sur la participation active du public, ils visent à mettre en évidence le rôle et la responsabilité de chacun d’entre nous dans la construction de l’avenir.

Charlotte Tusset

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.