Florence Marchand Fkd & Emmanuel Dundic à la galerie Bonnemaison, chez Pascal Noé.
Du 19 septembre au 9 novembre 2024.
Finissage le dimanche 10 novembre.
Lorsqu’on arpente l’exposition de Florence Marchand et d’Emmanuel Dundic, chaque pièce ou section nous apparaît comme un fragment d’une histoire globale. Chaque œuvre est un indice. J’oserai: une pièce du puzzle de la postmodernité.
On visite un endroit dans lequel se sur-imprime notre temps technologique et l’époque de nos grands-mères.
Ici, l’exigence (ne parlons pas d’élitisme) des fans de Star Trek rejoint celle des amateurs d’œuvres minimalistes et conceptuelles.
Le champ demeure le sujet. Surtout au sein de ces magnifiques monochromes en pièces de puzzle (uniquement des Ravensburger) qui, tantôt cartographient des continents abstraits, tantôt se dorent sous cloche.
Se manifeste devant nous une sorte d’anti pop-art, faisant la part belle à la décrépitude du réel. Parfois, ces puzzles s’incarnent en des paysages de cartes postales suggérés, des panoramas obsolètes et composites qui révèlent de la moisissure lorsqu’on gratte la première pellicule.
Ainsi, dans cet Éden postmoderne semblable à un carambolage contrôlé, des Kaijus tricotés côtoient l’épuration de parallélépipèdes froids. Le pixel-art d’un Atari ST intégre (contre son gré) un cabinet de curiosités où le livre est devenu une relique que l’on malmène. Jésus s’allie tout naturellement avec les extraterrestres. On apprend que Chomp a lu tout Samuel Beckett avant d’avoir croqué en deux l’entièreté des bouquins. On crochète des Mazingers à côté de plaques traitées à l’acide. Et on nous rappelle, au détour d’une broderie bariolée, que, dans « Terminator » de James Cameron, Skynet: il est méchant.
L’Art le plus brut clôturera cette expérience esthétique avec une armure de samouraï grandeur nature, copie exacte emprunt d’une délicieuse naïveté et tricotée grâce à l’énergie d’un critère artistique cher à Yves Michaud: le caractère obsessionnel de l’artiste.
Alors, ne boudez surtout pas cette fulgurante exposition en couple où le truisme de « complémentarité » artistique n’a jamais été autant lavé de son côté commun.
Jean-Marc Reichart
Poster un Commentaire