Denis Verkeyn vient de nous quitter. Trop tôt! il avait 43 ans et encore plein de projets à finaliser, notamment ceux qui nous reliaient. Une rétrospective rassemblant son travail plastique et éditorial était au programme début 2024 à la galerie Flux.
Je me réjouissais de le retrouver au sein de la galerie, nul doute qu’il aurait pris soin comme à chaque fois, lors de ses présentations, de reblanchir les murs d’exposition. Cela faisait partie du rituel. Il était méticuleux et il lui fallait un mur impeccable pour mettre en valeur ses petites peintures géométriques faites d’entrecroisements de lignes aux couleurs pures. Il savait mettre la main à la pâte et considérait le rafraîchissement des murs de la galerie, comme un pur moment de méditation et de relaxation. Canaliser les flux d’énergies pour arriver au vide, une technique d’approche faite d’intériorité qui dans son travail artistique le rapprochait des arts martiaux des Orientaux. Poétique, sensibilité et compréhension du geste se chevauchaient et étaient au coeur d’un processus. Ce grand cycliste au coeur d’or était également un passionné de compétitions vélos, qu’il suivait avec régularité se concentrant sur les jeunes pousses émergentes.
Cet amour du sport il l’avait admirablement traité à sa manière durant tout un temps dans son approche artistique. Il aimait reconstruire en juxtaposition sur ses petits formats des lignes de formes et de couleurs qui rappelaient par leurs géométries symétriques les règles qui délimitaient les frontières dans les terrains de sports, foots ou basquets. Il aimait déjouer les règles en en inventant de nouvelles, ramenant ainsi le support du format à un jeu d’associations minimalistes qui le rapprochait de l’art construit cher à Jo Delahaut. Une thématique qu’il s’occupera à épurer jusqu’a son terme en privilégiant la simplicité du signe, réduite à ses formes de bases qu’il développa lors d’une exposition que lui consacrera Caroline Jacob.
Comme chez ses amis Antoine Van Impe ou Pierre Gerard, l’expérimentation était son moteur. La répétition n’était pas son fort, elle ne s’inscrivait pas dans son programme. Il aimait privilégier la création pure en se concentrant sur la nouveauté.
Par contre la répétition machinale dans son côté limité d’un projet d’édition (Patate édition, qu’il entame en 2006) est vécue comme un besoin sculptural, un besoin d’archivages d’oeuvres aimées. (1)
Sa dernière exposition toujours en cours est intéressante dans le sens où elle dévoile un nouveau travail. Toujours sur des petits formats, les formes sont plus organiques, plus douces, portées par un symbolisme aux codes féminins clairement affichés. Cette nouvelle série entre parfaitement en interaction avec les grandes toiles abstraites de Laurence Wisniewski de nature plus instinctuelle. Un reportage a été réalisé par RTC. (2)
Rien ne laissait entrevoir l’orage qui couvait. Son oeuvre, d’une grande profondeur, reste à découvrir.
Lino Polegato
(1) http://verkeyndenis.blogspot.com/
(2) Expo Dyade : Laurence Wisniewski versus Denis Verkeyn. Le finissage aura lieu le 29 avril, l’expo se visite au 17 de la rue Vallée à Vaux-sous-Chèvremont, les samedis et dimanche après-midi Film sur RTC: https://www.rtc.be/video/culture/expos/expo-dyade
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