La maison de James Ensor a rouvert ses portes après une longue rénovation…et une profonde mutation. La nouvelle structure (comprenant l’ancien hôtel adjacent) est plus didactique, et se concentre sur les liens du peintre avec sa ville natale.
C’est devenu en quelque sorte le « temple » de James Ensor. Mi-juillet, la « James Ensorhuis » a rouvert ses portes après de profondes transformations. Le musée comporte désormais, outre l’ancienne maison du peintre, le bâtiment adjacent flambant neuf (un ancien hôtel), servant d’espace interactif et didactique.
Une reconnaissance de la part des autorités d’Ostende, qui offrent pour ainsi dire des lettres de noblesse supplémentaires à l’artiste au pinceau grotesque et désinvolte. La station balnéaire a d’ailleurs décidé de faire du peintre son ambassadeur de premier choix, avec notamment le site « Ensorstad », une promenade thématique à suivre sur une appli’ et une vaste campagne de communication.
Changement d’ambiance
Autrefois, on entrait dans la maison Ensor comme on entre dans une vieille boutique de souvenirs. Un peu au hasard et sans prétention. La demeure (ou plutôt le cabinet de curiosités) était conservée à l’identique, avec sa façade vintage et son authentique vitrine mettant en avant des babioles exubérantes du temps jadis quelque peu défraîchies et des masques du folklore ostendais.
Aujourd’hui, on entre dans un vaste hall moderne d’un immense bâtiment d’une blancheur solennelle. Le cabinet de curiosités est toujours là, mais à côté du bâtiment central. Comme une « annexe » à ce nouveau complexe. Certes, on retrouve le fameux salon de l’artiste avec ses masques emblématiques, son harmonium et (une copie de) « L’Entrée du Christ à Bruxelles ». Mais l’atmosphère du lieu est en quelque sorte « professionnalisée ».
On peut voir dans cette transformation un choix assumé : celui de la promotion artistique à grande échelle et d’une certaine « démocratisation » de l’art. Si l’ancienne boutique attirait principalement les esthètes du dimanche et les curieux vacanciers, ce nouveau complexe peut drainer une clientèle internationale et bien entendu toutes les écoles du pays.
Car ce bâtiment sert avant tout à attirer le « non-public », en témoignent les innombrables salles didactiques sur l’histoire de l’art, les tableaux explicatifs… Celui qui n’a jamais entendu parler du peintre aura un aperçu complet de l’œuvre de ce « préexpressionniste ». Celui qui connaît déjà l’Ostendais passera sûrement les salles didactiques et leurs multiples installations numériques, et préférera la petite salle du rez-de-chaussée abritant (temporairement) quelques toiles originales du « maître » … et non des moindres !
Éminemment actuel
Cette rénovation arrive à un moment où l’œuvre d’Ensor semble redécouverte et revisitée. Le « fou d’Ostende » n’est à vrai dire jamais véritablement tombé aux oubliettes, et ses toiles ornent toujours les murs de prestigieux musées des beaux-arts aux quatre coins du monde. Mais, septante ans après son décès, le peintre est aujourd’hui remis au goût du jour, et principalement dans ses propres terres.
Par exemple, le réputé galeriste de Knokke Samuel Vanhoegaerden a fait forte impression à la dernière Brafa Art Fair en proposant une collection unique d’œuvres d’Ensor…et a rencontré un véritable succès commercial. De même, le Muzee a mis à l’honneur Ensor à de nombreuses reprises ces dernières années, notamment avec la très longue exposition sur Ensor et son concitoyen ostendais Spilliaert. Sans compter les multiples références parsemées dans la communication de la Ville et les échoppes touristiques. Comme quoi, plus que jamais, Ensor s’impose, ou plutôt a été imposé, comme un véritable symbole de l’art « made in Belgische Kust ».
Ro.Ma.
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