Crésus ou Crusoé, tout est là. Dans cette image d’affiche d’expo, François Curlet nous donne quelques clefs de lecture pour comprendre son travail. Que pouvons-nous y voir ? L’artiste se pose dans une mise en scène emblématique. En plein soleil, les pieds dans l’eau jusqu’à la ceinture et les bras en croix, il nous toise du regard. Cheveux ébouriffés il a plus l’air d’un Robinson égaré que d’un Crésus. Quoique… Comme dans une des oeuvres clefs de Duchamp, la porte est ouverte ET fermée à la fois. Nous sommes en face de Crésus et de Robinson, l’artiste est entier. On ne peut jouer le jeu que si l’on y va à fond. Soit dedans ou dehors mais pas un pied dedans ou dehors . «Il faut toujours avoir les deux pieds d’un côté ou de l’autre, sinon, ça ne marche pas ». Pour qu’il y ait une dynamique visuelle, il faut que ça bouge que ça discute, que l’image et parfois le son « relationne ». Pas question de tricher, on y va. Mouillons-nous ! Le côté poétique de son vocabulaire syntaxique fonctionne comme un bâton d’éveil, une sortie de secours. Il aime rappeler : « Il faut bien qu’il y ait une dimension ou ça ne rigole pas, sinon on se lasse. (…) Sans poésie, il n’y a que technique. » D’entrée de jeu, à l’entame du parcours expositif, il nous met au parfum. La pièce sculpturale intitulée T.V. Set est en marbre de deux couleurs. Aussi joyeuse qu’une pierre tombale, elle trône en début de parcours et sert d’interlude. On fait une pause avant de démarrer. L’écran de télévision ovale en marbre moucheté fait référence à une image brouillée. « La neige sur l’écran, c’est la fin des programmes » nous confiera- t-il. Une entrée en matière qui nous déstabilise et qui nous relie indirectement à la dialectique visuelle mise en place dans la grande salle de fin du parcours ou est présentée une petite série de ses dernières productions filmiques. Dans un de ces films, on y voit rouler à tombeau ouvert la fameuse Jaguar cercueil du film Harold et Maud. De la pierre tombale du début de parcours au cercueil de fin de parcours. Les jeux sont fait, ça sent la fin de la comédie. Tout est dit ou presque. Il nous rappelle qu’il n’est pas dupe : « Le cercueil c’est aussi une piste d’atterrissage sur laquelle on peut parier. »
Lino Polegato
L’entretien avec François Curlet est à découvrir sur: https://youtu.be/JXAOBL1tbB8
An Mac’s François Curlet “Crésus et Crusoé”
Du 25 novembre 2018 au 10 mars 2019
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