Au milieu de la campagne, la ZENTRALE…

Art plastique, performances et musique : un aperçu du second Micro Festival de la ZENTRALE Kunst und Kultur (Lontzen – Busch)

Au milieu de la campagne, la ZENTRALE est une maison, une ferme ouverte aux possibles, aux vents. Ses murs recèlent autant les strates des siècles qu’ils s’offrent aux oeuvres nouvelles. C’est que le temps y oeuvre lui-même, s’y éprouve et se donne en présent. La campagne n’est pas seulement autour de la maison : elle vit dans la maison ; la campagne y pénètre, engage son paysage, mélange sa lumière aux pierres, matériaux, délabrements ; la campagne s’entrelace aux créations. La maison est vivante — elle est faite, comme par nature, de plusieurs maisons et de l’art au-dedans, qui se niche à l’étable, dans la cour intérieure, ou au faîte du grenier. Entre la maison et les oeuvres qui s’y abritent, et y habitent pleinement, une fusion d’ordre organique, opère.

Aux confins de la nature, de l’art et de la culture, la ZENTRALE Kunst und Kultur située à Busch (Lontzen), en Ostbelgien, est à l’origine une ferme rurale, classée monument historique — son corps de de logis arbore la date de 1699. Avant de rénover l’édifice en ateliers et espaces de résidences artistiques, Tanja Mosblech, artiste peintre, et Alex Grablowitz, y organisent pour la deuxième année consécutive une exposition collective et une série de performances et concerts, à l’occasion de trois week-ends (les 31 mai et 1 juin ; 7 et 8 juin ; 14 et 15 juin).

L’exposition collective réunit onze artistes dont les oeuvres sont invitées à s’intriquer dans l’espace de la maison. Les affiches et photographies de Titanne Bregentzer (BE) célèbrent le quotidien et révèlent une poétique du rien et de la fragilité du moment. Hyesug Park (DE) expose des céramiques et sculptures, explorant les thèmes de la nature et de la transformation. Nathalie De Corte (BE), dont les oeuvres rendent grâce aux instants de transfiguration de la nature, réalise de grands formats à même les murs de la Zentrale. Lindsay Nadenau (BE) et Marietta Dobbelstein (BE) présentent également leurs peintures.

Par ses installations, Helene Picard (FR) réunit peinture et vêtement, faisant émerger des espaces théâtraux qui interrogent le paraître et ses divers états — dissimulation, travestissement ou volonté d’être vu. Florence Marchand (BE) expose des pièces de broderie, de tricot, de crochet, en partie réalisées avec des matières de récupération ; ses créations sont également présentées lors d’un défilé [le 7 juin]. Le métier à tisser et les objets textiles de Hajnalka Sihelnik (BE) témoignent d’une mémoire du geste, entre art et artisanat. Portraits et corps de femmes, les feutres de Marie Van Roey (BE) dialoguent avec les sculptures de Dorine Hulshof (NL), qui interroge le perception du corps féminin, depuis les déesses mères jusqu’aux femmes contemporaines.

Andrea Radermacher-Mennicken (BE) détourne des objets domestiques et contraste les matières, avec notamment des sculptures et des impressions sur éponge. Elizabeth Hoak-Doering (CYP/USA), artiste visuelle, autrice et chercheuse, dont les travaux portent sur le graffiti moderne et ancien, présentera le fruit d’une résidence à la Zentrale, en amont du festival.

Le collectif Les Rayons (BE) interviendra, à plusieurs reprises, avec la performance « Poétesses Cyborg » [les 31 mai, 8 juin et 15 juin]. Alexia Creusen, Maud Dallemagne et Kathleen Vossen hybrident les images et les mots au coeur de dispositifs légers et poétiques, pour créer des espaces d’échange et de partage, comme par exemple avec Vous êtes ici (2022, Art Au Centre #9), où leur poésie se déclinait à la fois à la feuille d’or, sur les vitres d’un cortège de voitures, et en petits formats risographiés, ou avec Espaces ver{t]s (2023, Art Au Centre #11), conjugaison vivifiante d’un lieu de documentation et de convivialité, d’une édition de sérigraphies et de poésie sur vitrine.

Dans un généreux esprit de rencontre, la ZENTRALE propose également, chaque weekend, un programme musical porté par des artistes internationaux. Mali Liv Golda (DE), jeune auteure-compositrice-interprète issue du conservatoire d’Amsterdam, ouvre la scène musicale de ce Micro Festival avec un projet indie-pop pétillant [31 mai]. Le duo Aurélie Dorzée & Tom Theuns (BE) offre des propositions singulières, des chansons folks teintées d’inventivité [1 juin]. Convoyant des airs de tango depuis l’Argentine, la guitare d’Emiliano Faryna et l’accordéon d’Hugo Satorre rencontrent la voix et l’interprétation dramatique de Lucía « La Luli » Spano [8 juin]. Les chants polyphoniques et multilingues de Las Lloronas s’entremêlent de guitare et de clarinette, pour une subtile synthèse de jazz, flamenco, klezmer et poésie orale, emmenée par Amber in ‘t Veld (ES/NL) et Marieke Werner (DE) [14 juin]. Enfin, Autour du Monde, duo formé par le guitariste Philip Breidenbach (DE) et par la chanteuse Charlotte Haesen (NL/FR) propose un répertoire à la croisée de différents styles musicaux [15 juin].

À noter : le 1 juin est une journée « Open Art Sunday ». Il s’agit d’un itinéraire, différant chaque premier dimanche du mois, entre ateliers d’artistes, galeries, musées, et centres d’art, dans le triangle frontalier de l’Euregio Meuse-Rhin.

Micro Festival – ZENTRALE Kunst und Kultur – Waldstraße 11, 4710 Lontzen – les 31/5 & 1/6, 7 & 8/6 juin, 14 & 15/6 – boissons et petite restauration sur place.

Catherine Barsics

Poésie et performances

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