Le Musée Guislain à Gand crée de nouveau la surprise avec une superbe exposition thématique sur les stimulations multiples qui nous bombardent. Les œuvres d’art exposées développent des relations avec ce monde extérieur qui nous entoure et nous pénètre parfois.
Il y a d’un côté les réponses que donne le monde médical, en dessinant des chambres « pauvres en stimulations », alternative à des chambres d’isolation qui semblent ne pas atteindre leurs résultats.
Mais aussi hors de ce monde médical, il y a des artistes qui cherchent à s’intérioriser, et qui développent des ‘cocoons’ protecteurs. Comme dans la librairie où Louis De Cordier garde précieusement une sélection de livres et de semences, profondément cachée dans les montagnes de las Alpujarras au sud de l’Espagne. Son père, Thierry De Cordier a dessiné la chapelle du ‘Grand Rien’, où l’on se retrouve confronté à notre murmure intérieur. Il y a aussi des photos de lieux de refuge, un autel sur la pleine conscience, des livres d’enfants qui traitent le même thématique qui est de savoir se réfugier pour échapper à un monde parfois hostile,…
Ce monde qui peut être hostile et nous dépasser, est bien dépeint par quelques exemples. Les photos de Fernando Moleres nous mènent au « internet addiction treatment centre » dans les alentours de Bejing, où des jeunes addicts à des nouveaux médias sont réinserés manu militari dans la société. Ou encore un autre exemple en Suède où des jeunes sans statut de refugiés entrent dans un état de coma. L’exposition nous frappe parfois avec stupeur et nous confronte avec un rôle de co-responsable de la société désenchantée qu’on a créé.
Sont présentées des œuvres dans lesquelles on peut bien se reconnaître : des films, des dessins, des vieilles gravures, des installations ,…Il y a beaucoup de réponses, mais encore plus de questions de comment aborder le sujet. L’œuvre finale de David Claerbout résume bien ce sujet de « prikkels, tussen pijn en passie ». Des jeunes journalistes enfermés dans leur chambre, vivent leur passion dans des blocs massifs où des milliers de gens sont réunis dans des petites cellules . La douleur de ne plus pouvoir respirer, comme nous montre aussi la photo de Michael Wolf des gens compressés dans le métro.
Il ne manque évidemment pas des œuvres d’art brut, où un horror vacui règne dont les auteurs cherchent justement à s’extraire du grand vide et à exprimer leur monde peuplé de voix et d’hallucinations.
Cette expo prend comme point de départ un sujet inspiré de la psychiatrie. S’il y a beaucoup de similitudes avec les maladies psychiques actuelles c’est qu’on se noie dans l’information. Mais elle va beaucoup plus loin en nous offrant une magnifique expérience esthétique et réflexive, à emporter avec soi quand on sort du musée.
Joke Lootens
Exposition à voir jusqu’au 26 mai 2019
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