« Pour en revenir à nos moutons (je vous le disais, c’est un texte biblique) si certains commissaires sont des imposteurs, ce n’est évidemment pas le cas de Nav Haq, notre tireur d’élite. En d’autres mots, il porte bien la plume d’autruche, le panier et il lance bien les oranges. De quelle manière est-il ce si bon tireur d’oranges ?
En fait, il arrive avec un certain brio à combiner des tas d’approches. D’abord le sujet de son exposition est bien choisi : il annonce une exposition sur le mouvement Rave qui est un mouvement culturel des années 1990 étant resté du fait de sa nature même et de sa relative proximité temporelle, en-dehors des récits historiques. Pourtant, il se fait que la Belgique est très concernée par ce sujet car le mouvement s’est développé entre l’Angleterre, la Belgique et l’Allemagne avant de gagner d’autres pays d’Europe. Ce sont des faits. C’est dans notre contrée comme dans les deux autres qu’il y a eu des clubs, des fêtes clandestines, des labels, des disques, des créations graphiques, cette très curieuse nébuleuse de gestes artistiques et anarchistes … Or, on dirait qu’en ce moment la Belgique du monde de l’art est plus concernée par la question du colonialisme. Loin de nous l’idée de diminuer l’intérêt de ce sujet et de ses multiples conséquences. Cependant, l’exposition de Nav Haq fait incidemment la démonstration que le colonialisme est peut-être un vrai/faux sujet. L’exposition de Nav Haq semble plus pertinente dans le commentaire qu’elle offre sur le présent sous couvert de son approche historique (tout comme les expositions sur le colonialisme proposent également une même comparaison entre passé et présent). En effet, le colonialisme nous renvoie finalement à l’idée d’un monde fait de nations et de séparations. Ce monde n’a pas disparu, mais un autre univers paraît se dessiner à l’horizon. Il peut s’agir du Tout-monde poétiquement décrit par Glissant… Disons qu’à ce stade, ce Tout-monde ressemble plutôt à une zone grise : la zone grise comme un nuage de pollution planant au-dessus d’une mégapole, comme Internet qui est une sorte de Far West qu’on tente de réguler, la zone grise d’un monde de plus en plus bétonné et urbanisé, mais aussi la zone grise, dans un sens positif, d’une identité commune qui se cherche et qui finira peut-être par se trouver. Après tout, en mélangeant toutes les couleurs, on obtient du gris. Le gris a peut-être de l’avenir. »
L’intégralité du texte de Yoann Van Parys est à découvrir dans le FluxNews 71, parution fin septembre.
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