Le M Museum de Louvain organise une rétrospective sur Thomas Demand, un plasticien allemand connu pour les photos de ses maquettes intrigantes.
C’est une exposition apaisante et réflexive que propose le M Museum de Louvain : une rétrospective de l’artiste allemand Thomas Demand. Intitulé « House of Card » (étrange clin d’œil à la série politique signée Netflix ? Ou simple allégorie de la fragilité ?), le parcours veut tisser des liens entre la photographie (la spécialité de l’artiste) et l’architecture (son obsession). Pour ceux qui ne l’ont jamais vu : l’artiste, sculpteur de formation, est connu dans le milieu pour sa démarche atypique. Il construit des maquettes sophistiquées, les photographie et ensuite les détruit.
On l’a compris : l’éphémère est au cœur de l’œuvre photographique de l’Allemand. Un contraste avec l’architecture qui a pour maîtres-mots « solidité », « fiabilité » et « pérennité ». L’exposition met en scène ce va-et-vient permanent de la durabilité au transitoire. Dans le monde de Thomas Demand, les objets de carton se voient étrangement dotés d’une prestance statuaire.
Il est malaisé de définir le thème qui unit les pâles clichés réunis dans le musée louvaniste : bureau bordélique, ambassade, matières inertes, absence d’humain, couleurs ternes… une sorte de rigor mortis se dégage de ces natures mortes artificielles. Le lien explicite avec l’architecture apparaît dès lors comme une évidence. L’artiste collabore d’ailleurs régulièrement avec des urbanistes réputés comme Arno Brandlhuber ou l’agence Caruso St John. L’exposition laisse entrevoir ces partenariats autotéliques, la reproduction en maquette de bâtiments eux-mêmes issus de maquettes, ou la glorification de la maquette-projet en tant qu’aboutissement… « La photographie crée la réalité. Voilà l’essence même de mon art », conclut le photographe.
Ro.Ma.
Jusqu’au 18 avril 2021 au M Museum de Louvain.
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