Préfacée par Pierre-Olivier Rollin, capitaine du BPS22, une monographie examine le travail d’Eric Fourez (Tournai, 1946 ; vit et travaille en sa ville natale) à l’occasion de la rétrospective de ses 50 années de carrière artistique. Ce livre a d’abord le mérite d’être un bel objet sur un papier blanc de blanc (comme le fond monochrome des œuvres du peintre), lisse et dense au toucher. Sa mise en page aérée et la qualité des reproductions en font quasiment un ouvrage pour bibliophiles.
Mais, surtout, il démontre combien l’autodidacte tournaisien a suivi une évolution cohérente. Parti d’un hyperréalisme minutieux, le voici depuis belle lurette toujours aussi figuratif, à ceci près qu’il est désormais voué à la trace, aux signes graphiques qui en témoignent. Ce qui était jadis évidence visuelle est devenu allégorique, voire philosophique.
Trois guides mènent le lecteur à travers une démarche exigeante et rigoureuse. Il y découvrira une perception du monde très personnelle. Pour Pierre-Olivier Rollin, Fourez parvient à «Sublimer l’expérience de la durée tout en réduisant l’espace ; soit l’exact opposé de ce que permettent aujourd’hui les technologies de la communication qui (re)formatent l’espace et réduisent le temps à l’instant de son apparition médiatique. »
Pour Véronique Bergen, ce peintre « élit l’œil au rang de médium vers la perception de l’invisible, de l’imperceptible, vers ces zones où le voir s’arrête pour ceux et celles qui s’en tiennent à la macro-vision. » Elle ajoute que cette œuvre nous amène « à la fois dans la profondeur de ce qui a été et dans l’infime dépôt de l’éternité, dans la concrétude de l’ici et l’abstraction de l’ailleurs. »
Quant à Claude Laurent, il conclut que « Circonscrire l’œuvre d’Eric Fourez engage aussi à parler du silence qui en émane. ». Celui-ci « appelle la voix intérieure à s’exprimer, l’esprit à réagir, le mental à s’activer et nos facultés sensibles autant qu’intellectuelles à s’actionner. »
En ajout, une biographie retrace le parcours artistique d’Eric ; une bibliographie rassemble l’essentiel des publications, moments télévisuels et écrits de presse. On regrettera de ne pas y voir figurer « Flux News » qui a consacré plusieurs chroniques et interviews à cet artiste singulier.
M.V.
Véronique Bergen, Claude Lorent, Pierre-Olivier Rollin, « Eric Fourez Monographie », Charleroi, BPS22, 2024, 96 p.
Poster un Commentaire