Même cette année, entre limitations de voyage des artistes à l’international, restrictions d’accès des publics avec passes sanitaires et interdiction de proposer des espaces-bar conviviaux dans plusieurs lieux du festival, ANTIGEL a pourtant fait décoller ses 3 semaines de programmation généreuse et éclectique, non dissuadée par ce contexte frileux. Et les publics lui ont bien rendu.
Quelques dates ont bien dû être annulées ou reportées (concerts annulés de Emma Ruth Rundle et de Bedouine, venue de Godspeed You! Black Emperor repoussée à avril et celle de Yann Tiersen à septembre), certaines performances ont bien dû être vécues pieusement, assis-x-es, la gorge sèche derrière le masque, mais tant d’émotions et de magie ont été possibles, jusqu’à la grande célébration finale ; le festival vivant sa clôture avec la tombée officielle des contraintes sanitaires en Suisse. Les portes s’ouvrent alors à toux, les sourires réapparaissent sur les visages découverts. Bravo à l’équipe du festival d’y avoir cru et d’avoir mené l’aventure coûte que coûte.
ANTIGEL c’était et c’est toujours, beaucoup de musique (le piano hypnotique de Hania Rani, l’afro-électro pop et lyrique de Léonie Pernet ou l’éclectisme farouche de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp); des concerts en salle ou en extérieur, des soirées ou des bals ; bal de Saint Valentin avec performances surprises littéraires et musicales, mariages mis en scène « pour de vrai » au coeur même du programme du festival, ou encore le grand Ace Gala Ball où plusieurs célèbres major houses de Voguing sont venues se défier sur le catwalk genevois, accompagnées par la bande de fabuleuxses Dragz et Djx de la GENEVEGAS ; Moon, Cristal Couilles, Elyssa Fleur et Ballkanika Trauma pour vous dé-servir, et Silver tears, Sirenessa, Nyx et vvvani aux platines. Cette grande performance collective, célébration irrévérencieuse de toutes les identités à travers la danse, la mode et la musique, marque encore une fois le festival de son empreinte flamboyante.
ANTIGEL c’est aussi un programme danse (la compagnie Cocoon Dance, le duo québécois Alix Dufresne et Marc Béland, la brésilienne Ana Pi) et performance (les trois heures suspendues de la nouvelle création d’Aurélien Dougé, le face à face puissant de Cherish Menzo dans la mise en scène du bruxellois Benjamin Kahn, et la redoutable performance audiovisuelle de Ryoji Ikeda dans une parfaite maîtrise de son art). Les parties plus inclassables du programme ANTIGEL permettent aussi des découvertes uniques en leurx genres telle que la « Happy Hype » du collectif helvète Ouinch Ouinch ; performance immersive et festive, jouant des limites avec le non-spectacle, l’inclusion de toux les publics dans un grand cercle d’euphorie communicative. Les corps se cherchent, se répondent et s’engrainent au-delà de toute limite d’identité de genre ou de style artistique. Et même le timide public genevois ne peut résister à l’appel de cette incroyable force de vie ; on finit par danser toux ensemble. Merci les Ouinch Ouinch pour cette déflagration de joie et de jeu ; une expérience d’une rare générosité vécue toux ensemble sur la scène du théâtre face aux strapontins vides.
ANTIGEL c’est aussi un ensemble de créations éphémères encore plus indéfinissables ; les « made in Antigel » imaginées collectivement par l’équipe du festival et les artistes invité-x-es à investir des lieux inattendus de la région genevoise : la grande salle de mécanique du Bureau des Autos pour une performance collective cathartique, la « montagne magique » d’une immense décharge comme terrain de randonnée nocturne et autres dédales surprenants allant des couloirs secrets jusqu’aux toits d’un théâtre historique accompagnés d’apparitions spectrales et musicales… Mais il y eut aussi la traditionnelle roller skate party géante sur un nouveau site industriel encore jamais ouvert au public, et ce concert de Léonie Pernet qui eut lieu à l’usine des Cheneviers, sur le point d’être détruite. Comme l’explique le duo de direction du festival, Thuy-San Dinh et Eric Linder, il s’agit d’un travail de longue haleine ; de démarches courant parfois sur plusieurs années pour obtenir l’accord de ces lieux et pouvoir y créer des projets si décalés. La large reconnaissance du festival aidant de plus en plus à conquérir la confiance et l’enthousiasme, la limite ne réside plus que dans l’imagination débridée des partenaires impliqué-x-es dans cette partie si particulière du programme.
Cette riche programmation aux infinies facettes propose encore des workshops (samba et philosophie avec Ana Pi, Mylia Mary et Maria Fernanda Novo, initiation au Voguing avec Cocoon Dance et la L’Iconique Kiki House of Juicy Couture), une course populaire et festive au dress-code lumineux dans la nuit, un gala de bienfaisance décalé et sportif en collaboration avec l’association Autisme Genève, etc, etc…
Et même quand c’est fini, il y en a encore, car cette année on continue à « anti-geler » au moins jusqu’aux saintes glaces, avec la venue attendue du show 3D culte des Kraftwerk qui investiront l’asphalte de l’aéroport international de Genève le 11 Mai 2022… Belle fin d’hiver ardent et à bientôt donc!
Marion T. Lajarriette pour Flux News
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