C’est à une petite rétrospective que nous convie Jean-Pierre Ransonnet dans son exposition chez Flux. Déchets d’œuvres 2 fait suite à l’exposition organisée en 2007. Les quatre salles qui accueillent cette rétrospective sont balisées entre dessins, collages, photographies et peintures. Une des salles du rez-de-chaussée héberge les dessins colorés érotiques de la fin des années soixante. Cette série qui se compose principalement de photographies décalquées et veinées de gouache est d’une étonnante fraîcheur et garde encore aujourd’hui une spontanéité jouissive. Curieusement, elle semble avoir été créée tout récemment. Si certaines font clairement référence à l’école du pop art New-Yorkais, d’autres font explicitement penser à la technique du pochoir utilisée par les graffeurs contemporains que l’on peut découvrir aujourd’hui un peu partout dans nos villes. La deuxième salle du rez présente une série de dessins, collages et photographies rehaussées d’écritures qui passent en revue la période conceptuelle de l’artiste. C’est au début des années septante que l’artiste change de nom et passe de Rensonnet à Ransonnet, un subtil glissement de lettre qui lui fera tourner une page du livre de sa vie. Dès lors une nouvelle naissance s’opère, qu’il baptisera d’excellente manière en sacralisant toutes les aventures émotionnelles liées à Lierneux. Nature, personnes, souvenirs, toutes ces entités s’entrecroisent et deviennent le corpus central d’une veine créatrice. Le terrain de foot, l’asile de Lierneux, l’étang, l’école, la pierre de Falhotte, tous ces éléments que l’artiste relie entre eux ne font plus seulement partie de l’histoire mais deviennent les éléments fondateurs de sa mythologie personnelle.
Le deuxième étage de la galerie fait écho à cette résonance faite d’attachement aux choses de la vie. Deux thèmes sont traités, d’une part la pierre de Falhotte, et de l’autre l’étang. La pierre millénaire située sur les hauteurs de Lierneux de par sa position de vigie, joue le rôle d’un aimant attirant vers elle tout ce qui l’entoure. Une petite visite accompagnée de l’artiste la veille de l’expo, six juin 2014, vers 11h00, me fit goûter de la nature particulière de ce lieu. Un petit film posté sur you tube rend compte de ce moment. Dans la deuxième salle du deuxième étage, une autre variante de cette sacralité de l’ordinaire est mise en avant avec l’étang. Une très belle série de photographies en noir et blanc nous montre le lieu. Au centre de la photo, la lettre l’ est peinte, chaque fois de couleurs différentes. Entre le motif de l’étang et nous, vient se glisser cette lettre accompagnée de son apostrophe. Visuellement, sans trop d’efforts, on peut même y reconnaître un homme sans tête marchant sur l’eau, on pourrait aussi y voir tout simplement, pourquoi pas, un ballon de foot… Les interprétations sont nombreuses et portent toutes vers la contemplation. Autre signe récurrent dans l’oeuvre, le sapin qui fait aujourd’hui référence dans son vocabulaire formel. Métaphoriquement, mon inclination culturelle, me fait naturellement relier ce signe à un autre signe de l’histoire de l’art: le St Jean Baptiste de Léonard pointant son index vers le ciel.
Lino Polegato
- A voir jusqu’au 28 juin 2014
- Galerie Flux 60 rue Paradis 4000 Liège
- T.+32 42532465
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